La Poste : Privatisation et faux semblant de service public15/08/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/08/une2089.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

La Poste : Privatisation et faux semblant de service public

La Poste vient de signer son " contrat de plan " avec l'État pour une période allant de 2008 à 2012. Il s'agit d'une sorte de cahier des charges que La Poste s'engage à remplir en matière de services rendus au public. En échange, l'État verse une compensation financière. Cette signature a quelque chose de totalement surréaliste au moment même où la direction de La Poste et le gouvernement annoncent sa transformation en société anonyme en 2009, et vraisemblablement son introduction en Bourse.

En supprimant 7 000 emplois par an, La Poste va atteindre, année après année, un seuil de rentabililité suffisant pour les capitaux privés. Elle fait aujourd'hui 943 millions d'euros de bénéfices pour 21 milliards de chiffre d'affaires, et a annoncé qu'elle améliorerait ces résultats en réduisant encore ses effectifs. Comment dans ces conditions améliorer le service rendu aux usagers comme le prévoit le contrat de plan ? Aujourd'hui déjà, les statistiques mesurant la qualité des services rendus aux usagers sont truquées. Elles n'ont rien à voir avec la réalité vécue par des millions d'usagers. Selon le contrat signé entre La Poste et l'État, le temps d'attente aux guichets devrait passer de 10 minutes en moyenne cette année à 8 minutes dans deux ans, chiffres aussi bidons l'un que l'autre notamment pour ceux qui font la queue beaucoup plus longtemps dans les bureaux de banlieue. De même, le nombre de lettres distribuées 24 heures après leur envoi devrait passer de 84 à 85 %... en supprimant des facteurs ? Dans les campagnes, le contrat prévoit que " plus de 10 % de la population ne peut se trouver éloigné de plus de 5 km d'un point de présence postale ". Mais à combien de kilomètres seront les 10 % d'usagers en question, en supposant même qu'il n'y en ait que 10 %, sans oublier que ce " point de présence postale " peut n'être qu'une boulangerie ou une permanence en mairie où seule une partie des opérations peuvent être effectuées.

Le " contrat de plan " n'impose rien à La Poste si ce n'est de fournir des statistiques, mais les centaines de millions qu'elle va recevoir seront bien réels. La direction de La Poste estime qu'à l'heure actuelle 816 millions d'euros devraient être compensés par l'État. À défaut d'améliorer le service, ils contribueraient à grossir les bénéfices qu'elle affiche afin d'allécher les capitaux privés.

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