Hautmont : La catastrophe ne vient pas seulement du vent15/08/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/08/une2089.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Hautmont : La catastrophe ne vient pas seulement du vent

Des quatre communes proches de Maubeuge balayées par une tornade dans la soirée du dimanche 3 août, celle d'Hautmont est la plus touchée. Trois habitants âgés ont été écrasés sous les décombres de leurs maisons. Au total, 78 personnes ont été blessées et un millier d'habitations ont été endommagées, dont deux à trois cents seraient à raser. Dans cette commune qui est l'une des plus déshéritées de ce secteur du Nord déjà particulièrement pauvre, les conséquences sont dramatiques.

Parmi les victimes qui ont tout perdu - maison, voiture, mobilier et affaires personnelles - il y a des érémistes. La presse signale le cas d'un couple près d'avoir fini de payer sa maison qui, après avoir réglé l'assurance durant trente années, ne pouvait plus le faire depuis quelques mois : la première réponse de la compagnie d'assurance a été qu'ils ne pourraient rien toucher...

Cette catastrophe très localisée n'est bien sûr pas prévisible. Pas plus que ne l'était, en juin 1967, la tornade encore plus violente qui avait entièrement rasé le village de Pommereuil, à une quarantaine de kilomètres de là, faisant sept morts. Mais aux dégâts du vent s'ajoutent ceux qui sont dus à la société. Comment les chômeurs, et tous ceux qui perçoivent les allocations sociales déjà bien trop faibles pour vivre normalement, pourraient-ils entreprendre de reconstruire ou de faire les réparations pour que la vie redémarre ? Sans compter le mépris et la morgue des autorités de l'État, qui laissent les sinistrés désarmés pour faire face aux multiples tracasseries des assurances, aux démarches auprès des organismes de relogement.

Il a fallu attendre le 7 août pour que l'État engage une procédure de catastrophe naturelle. La ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, est venue à Hautmont montrer que le gouvernement existe... et faire sa pub en annonçant 300 000 euros d'aide d'urgence. Quel geste ! Mais pour l'application concrète, cela fera 150 euros par adulte, auxquels s'ajoutent 75 euros par enfant... 525 euros pour une famille de cinq, dira quelques jours plus tard le préfet de région, comme si l'addition de ces sommes dérisoires pouvait donner le change à des gens qui ont souvent tout perdu !

La ministre du Logement, Christine Boutin, a ensuite annoncé 3 millions d'euros pour l'hébergement d'urgence temporaire en mobile-homes. Mais pour le relogement définitif, chaque famille devra se débrouiller avec ses assurances. Il y a la longueur des délais administratifs liés à la déclaration de catastrophe naturelle, tous les problèmes liés à la disparition ou l'absence des factures pour faire la preuve des achats, sans compter que bien des entreprises de construction se font prier pour travailler pour des pauvres.

Il serait pourtant si simple à l'État de mobiliser ses moyens - y compris l'armée, pour reconstruire rapidement et pas seulement aider au déblaiement - avec les maires ou d'autres autorités chargées de contrôler l'avancement et la qualité des travaux.

Les dons en vêtements, meubles, argent et les coups de main de la population de nombreuses communes de la région et de tout le pays montrent que la solidarité est bien vivante. Mais du côté du gouvernement, c'est l'indifférence et le mépris.

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