Sécurité sociale : Encore une remise en cause du droit à la santé !30/07/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/08/une2087.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sécurité sociale : Encore une remise en cause du droit à la santé !

Pour l'énième année consécutive, le déficit de la caisse d'Assurance maladie ressurgit et, pour l'énième fois, le gouvernement brandit un « plan de sauvetage » de la Sécurité sociale. Des ministres déclarent haut et fort que, cette fois, « le patient ne doit en aucun cas être perdant ». Mais derrière les proclamations, c'est la même recette : prendre dans la poche des assurés sans toucher à celle des patrons.

Toujours les mêmes mesures

En 2008, selon le gouvernement, le « trou » de la caisse d'Assurance maladie devrait atteindre un peu plus de quatre milliards d'euros. La ministre de la Santé et celui du Budget s'accordent pour annoncer leur plan d'économies et de nouvelles recettes.

Côté économies, il est question « d'infléchir la consommation de soins, produits ou prestations dont la justification médicale est discutable ». En clair, c'est la menace de réserver les remboursements de la Sécurité sociale au traitement des affections les plus graves et laisser les traitements dits « de confort » à la charge des malades. Une attaque de plus contre ceux dont les revenus sont les plus faibles !

Côté recettes, le gouvernement annonce la création d'une taxe sur le chiffre d'affaires des mutuelles et des assurances maladie. Le prétexte avancé est que celles-ci dépensent moins en remboursements grâce aux génériques et grâce au fait que la Sécurité sociale garde la prise en charge des malades atteints d'affections de longue durée. Mais à qui compte-t-on faire croire que cette taxe ne sera pas répercutée sur le montant des cotisations ? Encore une fois, les recettes seront puisées dans la poche des patients, du moins ceux qui peuvent encore souscrire à une complémentaire santé.

Il est aussi prévu d'augmenter le transfert de fonds de la branche Accidents du travail vers celle de l'Assurance maladie. Le gouvernement confirme ainsi qu'il sait fort bien que les patrons font pression pour que les travailleurs ne déclarent pas leurs accidents du travail, d'où les excédents de la caisse correspondante. Mais il avoue qu'il n'a pas l'intention d'y remédier, ce qui pourrait obliger les patrons à payer davantage, et il se contente de puiser dans les excédents.

Et, s'il est vrai que le gouvernement parle de demander aux employeurs de payer des cotisations sur les revenus versés au titre de l'intéressement et de la participation, il ne s'agit ici que d'« une réflexion qui doit être engagée »...

Profits aux dépens de la Sécurité sociale

Régulièrement et de façon récurrente, le gouvernement remet sur le tapis la question du « trou de la Sécu » et lance une série de mesures dont le résultat est, d'une façon ou d'une autre, de faire payer les assurés, quitte à contraindre ceux qui ont de faibles revenus à moins se soigner et à voir ainsi leur santé se détériorer.

Le principe même de la Sécurité sociale, qui est d'instaurer une solidarité pour que l'ensemble de la population, y compris les plus pauvres, ait les moyens de se soigner correctement, est ainsi progressivement battu en brèche. Et l'on veut nous faire accepter, dans l'un des pays les plus riches au monde, l'idée que la santé coûte décidément trop cher à la société. Tout cela au nom d'une comptabilité qui voudrait que le budget de la Sécurité sociale soit en équilibre absolu ; une exigence que, dans l'ensemble des comptes de l'État, on ne présente ni à l'armée ni à la justice ni à d'autres.

Si le gouvernement veut diminuer les dépenses de la Sécurité sociale c'est, entre autres, vers les trusts de l'industrie pharmaceutique qu'il faut se tourner. En 2006, les dépenses correspondant au remboursement des médicaments s'élevaient à 20,3 milliards d'euros. Et dans ce poste, si les nouveaux médicaments mis sur le marché ne représentaient en volume que 16 %, ils correspondaient à... 67 % des dépenses ! Parce que l'industrie pharmaceutique pratique pour ces nouveaux médicaments, avec la bénédiction de l'État, des prix libres, les prix qui lui semblent bons pour amasser ses profits scandaleux. Pour les trusts de l'industrie pharmaceutique et autres fabricants de matériel médical, la Sécurité sociale est une manne.

Elle l'est aussi, par exemple, pour les cliniques privées. La plupart appartiennent à des grands groupes cotés en Bourse, comme n'importe quelle société industrielle ou commerciale et à la différence des hôpitaux publics elles font des profits sur le dos de la Sécurité sociale qui règle les interventions, les soins, les médicaments, assurant ainsi la richesse des groupes privés qui possèdent ces établissements de soins.

Oui, la Sécurité sociale pourrait donner à chacun les soins dont il a besoin si la santé, comme tant d'autres choses, n'était pas offerte à l'appétit de profits des industriels.

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