Projet de loi pénitentiaire : La misère des prisons30/07/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/08/une2087.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Projet de loi pénitentiaire : La misère des prisons

Au moment où Rachida Dati a présenté, lundi 28 juillet, son projet de loi pénitentiaire, la situation dans les prisons est devenue particulièrement alarmante et insupportable pour les détenus. La surpopulation carcérale a en effet atteint 64 250 personnes pour 50 806 places dans les quelque 200 prisons qui existent en France. Quatorze établissements pénitentiaires accueillent même deux détenus pour une place prévue. Il s'agit de maisons d'arrêt, où se mêlent des prévenus en attente de jugement et des condamnés à de courtes peines. Il faut remonter aux années 1880, soit plus d'un siècle en arrière (excepté la période dite de « l'épuration » au sortir de la Seconde Guerre mondiale) pour trouver un taux de détention équivalent.

Cette surpopulation est source de drames permanents, rixes et violences liées à la promiscuité, délais rallongés pour l'obtention d'une consultation médicale, accès aux douches réduit, impossibilité de changer de linge, lignes téléphoniques ou parloirs saturés. Les solutions à apporter paraissent évidentes : augmenter les moyens en locaux, en personnel encadrant et dans les services nécessaires au terme d'une incarcération. Mais ces évidences n'ont pas atteint la garde des Sceaux, Rachida Dati, qui se contenterait bien d'une seule mesure permettant de désengorger les prisons : le port du bracelet électronique.

Ce bracelet électronique, qui existe depuis 1997, n'a pour l'heure pas réussi à empêcher l'augmentation de la population carcérale. Et comme le font remarquer les syndicats, s'il n'y pas de suivi des personnes astreintes au port de ces bracelets, on risque fort de les voir revenir en prison pour de nouveaux délits. De ce point de vue, le projet de loi annonce la couleur : nulle question d'embauche de personnel supplémentaire, gardiens, médecins ou travailleurs sociaux. Au contraire, il s'agit de créer une « réserve civile » constituée de volontaires et de retraités. Le gouvernement utilise toujours la même ficelle, déjà mise en place dans d'autres services publics : recourir aux retraités pour ne pas avoir à embaucher.

En fait, sans dépenser un centime de plus, le gouvernement Sarkozy se contente d'anticiper une hausse des incarcérations, conséquence de la loi sur les peines plancher, votée en août 2007, qui devrait envoyer en prison environ 3 000 personnes de plus chaque année, et la supression des grâces collectives présidentielles qui devraient en maintenir autant.

Avec ce projet de loi, l'inhumanité des prisons n'est pas près de disparaître.

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