Retraite anticipée pour travaux pénibles : Aux oubliettes !23/07/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/07/une2086.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Retraite anticipée pour travaux pénibles : Aux oubliettes !

Mercredi 16 juillet, les négociations entre le patronat et les syndicats sur « les cessations d'activité pour travaux pénibles » ont été définitivement rompues, enterrées par le Medef qui refuse de financer un dispositif de départs anticipés en retraite pour les salariés ayant occupé des postes de travail pénibles : activités de nuit, répétitives, exposées aux vibrations ou au bruit intense, manipulation de produits toxiques, port de charges lourdes...

Ces discussions ont piétiné pendant trois ans, soulignant si besoin était que, sans un rapport de force favorable aux travailleurs, le patronat ne se sent obligé à rien, même pas à concrétiser des promesses passées. D'autant qu'en la circonstance il n'avait, lui, rien promis, mais seulement laissé entendre qu'il pourrait accéder aux demandes des syndicats, si ceux-ci acceptaient au préalable ses exigences sur la réforme des retraites.

À ce propos, il n'est d'ailleurs pas inutile de se remémorer dans quel contexte des directions syndicales sont allées négocier sur ce sujet. La loi Fillon d'août 2003 avait permis au gouvernement d'aligner les conditions de départ en retraite du secteur public (37,5 annuités) sur celles du secteur privé (40 annuités) qui avaient été préalablement démolies en 1993 par Balladur.

La CFDT et la CGC avaient alors accepté ce recul, sous le prétexte qu'il pourrait y avoir des compensations importantes pour les salariés ayant eu des carrières longues ou pénibles. Une disposition permettait en effet un départ en retraite avant 60 ans pour les travailleurs ayant commencé à travailler entre 14 et 16 ans. Un autre article de la loi prévoyait quant à lui des négociations devant permettre aux salariés ayant exercé des travaux pénibles de pouvoir partir en retraite anticipée.

Mais maintenant que les lois sur les retraites sont passées, que le patronat et le gouvernement ont obtenu ce qu'ils ont voulu, que rien ne les oblige à agiter encore une quelconque carotte, les vagues promesses de 2003 sont oubliées et le dispositif sur la pénibilité remisé aux oubliettes.

« Le Medef n'a pas la volonté d'aboutir à un accord », se plaignent les syndicats, qui demandent maintenant au gouvernement d'être « responsable de la continuité du dossier ». Semblant être à leur écoute le ministre du Travail, Xavier Bertrand, a indiqué qu'il allait engager dès la rentrée de nouvelles discussions sur ce sujet. Mais une fois encore les travailleurs auraient bien tort d'espérer quoi que ce soit de cet ami des patrons pour qu'il leur impose une participation financière aux dégâts sur la santé des salariés, dont ils sont eux-mêmes responsables.

Il serait tout à fait normal que des salariés ayant une espérance de vie moindre, du fait des conditions de travail déplorables qu'ils ont connues, puissent bénéficier d'un temps d'activité moins long, comme il serait normal aussi que les conditions de travail de tous s'améliorent, pour que la question de la pénibilité n'ait plus à se poser. Mais cela, les travailleurs ne peuvent l'espérer ni du patronat ni de ses aides au gouvernement.

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