Prix du gaz, fusion GDF-Suez : Ça gaze pour les actionnaires, pas pour les usagers !23/07/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/07/une2086.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Prix du gaz, fusion GDF-Suez : Ça gaze pour les actionnaires, pas pour les usagers !

« Il est probable qu'on doive ajuster les tarifs [du gaz], compte tenu du coût matière, de la molécule de gaz, et du mode d'indexation », a lancé la ministre de l'Économie Christine Lagarde lors d'une visite au centre de recherche du nouveau groupe GDF-Suez, le lendemain du mariage de Gaz de France-Suez. Il n'aura donc pas fallu attendre longtemps pour que l'État montre sa bienveillance à l'égard du nouveau groupe privé.

Les déclarations de la ministre viennent en écho à celles de l'ex-PDG de Gaz de France, n° 2 dans le nouveau groupe, Jean-François Cirelli, qui fait valoir que les tarifs du gaz réglementés, fixés par l'État, avaient augmenté de près de 10 % depuis le début de l'année, alors que le « prix du pétrole a été multiplié par deux ».

Complaisante, la ministre s'est dite « sensible à la nécessité d'un lissage sur les augmentations tarifaires ». Ses services réfléchiraient « à un meilleur mécanisme de tarification, qui donne plus de visibilité à l'entreprise et plus de transparence pour les consommateurs ». Le secrétaire d'État à la Consommation, Luc Chatel, a quant à lui mis des sous-titres, en indiquant que ce nouveau mode de calcul des tarifs permettrait « que ce ne soit pas seulement le gouvernement qui décide du prix ».

La direction du groupe privé aurait son mot à dire dans leur fixation, ce que Cirelli a confirmé devant l'assemblée des actionnaires, en déclarant qu'avec un baril de pétrole autour de 140 dollars « nous aurons de nouvelles hausses » des prix du gaz. Les consommateurs doivent donc se préparer à une nouvelle hausse du gaz comprise dans une fourchette de 7 à 9 %.

Ministres et PDG répètent en choeur que la fusion n'interfère pas sur le prix du gaz. Mais si l'État accepte de desserrer tant soit peu l'encadrement des prix du gaz, comme les déclarations gouvernementales le suggèrent, l'usager en fera indéniablement les frais, tandis que les profits de GDF-Suez continueront de s'envoler.

Les dirigeants du nouveau groupe n'ont d'ailleurs pas attendu pour faire un geste, non pas en faveur des usagers, mais bel et bien des actionnaires. En guise de cadeau de bienvenue, ceux-ci empocheront, outre leurs dividendes dits ordinaires, un « extra » de 0,80 euro par action.

Du temps, pas si lointain, où EDF et GDF étaient des groupes nationalisés, il n'y avait pas d'actionnaire à cajoler et les tarifs pouvaient être plus modérés. Avec la privatisation, l'actionnaire passe avant. C'est pourquoi, n'en déplaise à tous ceux qui prétendent le contraire, la prise de contrôle de GDF par Suez n'annonce rien de bon pour les abonnés du gaz.

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