La démocratie selon Sarkozy et Lang !23/07/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/07/une2086.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La démocratie selon Sarkozy et Lang !

Ainsi, avec l'adoption de la réforme constitutionnelle, nous aurions connu, nous dit-on, une avancée majeure de la démocratie en France, sans même nous en apercevoir. Car qui, en dehors de ceux qui s'ébattent dans la mare politicienne, peut se sentir impliqué par les bavardages, les petits calculs, les combinaisons qui se sont développés à Versailles ?

Qui s'interroge encore pour savoir si Jack Lang, qui a voté la réforme, et les quatre autres députés socialistes qui l'on rejoint après avoir voté contre la réforme, sont de gauche ou pas ? Ils sont tout simplement des notables d'un parti qui a fourni bien d'autres exemples d'oscillations et de retournements entre un discours à peine de gauche et des choix qui ne le distinguent pas de la droite. En ce sens, on ne peut pas dire que Jack Lang, ou Manuel Valls ont trahi. Au pire, ils n'ont trahi que les illusions de ceux, s'il en reste encore, qui croyaient qu'ils étaient de gauche, et surtout que cette gauche-là représentait les intérêts des classes populaires.

Quant à l'avancée annoncée de la démocratie , on a beau lire le texte de la réforme avec des lunettes complaisantes, on ne la voit pas. Ainsi par exemple, au départ, il était prévu d'introduire dans le système électoral une pincée de proportionnelle, ce qui aurait peut être permis aux électeurs d'être un peu moins mal représentés dans les Assemblées. Disparue !

Il avait été envisagé de modifier le mode d'élection des sénateurs, ces notables qui ne peuvent pas décemment se dire les élus du peuple puisqu'ils sont élus au suffrage indirect, c'est-à-dire essentiellement par d'autres notables. Enterré ! Ces sénateurs, en majorité de droite, composaient une partie (348 sur 896) de ce congrès de Versailles.

Toutes ces réformettes abandonnées avant même le vote n'auraient pas rendu la Constitution plus démocratique. Mais ces timides retouches, c'était encore trop !

En fin de compte, il resterait la mise en place d'une référendum d'initiative populaire qui, nous dit-on, permettrait au peuple d'intervenir directement. Il vaudrait mieux dire « référendum d'initiative parlementaire », puisque les rédacteurs de la réforme ont pris la précaution de préciser qu'un tel référendum ne peut être organisé que si au moins « un cinquième des membres du Parlement, soutenus par un dixième des électeurs inscrits sur les listes électorales », en prennent l'initiative. À cela s'ajoutent d'autres restrictions qui rendent le déclenchement de cette procédure difficile, voire improbable. C'est dire que l'initiative populaire est solidement cadenassée.

La démocratie, la vraie, exigerait tout autre chose. Tout d'abord il faudrait qu'existe le scrutin proportionnel, intégral, qui permettrait à tous les courants d'opinion d'avoir des représentants. Il faudrait aussi que les élus soient responsables devant ceux qui les ont élus, donc révocables à tout moment s'ils trahissent leurs engagements. Que tous les travailleurs, quelle que soit leur origine, aient le droit de vote et celui d'être élus dans un pays où ils contribuent, par leur travail, à créer des richesses.

Comme on peut voir, cela n'a rien à voir, même de très loin, avec ce qui est sorti du Congrès de Versailles. Car les Sarkozy, Fillon, Lang et consorts ne veulent surtout pas donner la parole au peuple. Leur démocratie ressemble plus à un baillon qu'à un porte-voix.

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