Goodyear - Amiens (80) : Une campagne de presse antiouvrière23/07/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/07/une2086.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Goodyear - Amiens (80) : Une campagne de presse antiouvrière

La lutte des 1 500 travailleurs de Goodyear et leur refus persistant de se soumettre au chantage de leur patron ont provoqué une véritable campagne stigmatisant les ouvriers et les syndicats qui restaient à leurs côtés.

Depuis un an, les ouvriers de fabrication de cette usine se battent contre le plan qui vise à les faire travailler plus, le jour, la nuit, par le biais des 4x8, afin de permettre à un géant mondial du pneu de réduire ses effectifs de plusieurs centaines de salariés pour pouvoir augmenter ses profits. Les grèves se sont multipliées pendant toute l'année et le référendum organisé il y a neuf mois avait montré que deux tiers du personnel de l'usine Goodyear et la quasi-totalité des ouvriers de fabrication concernés rejetaient le plan de la direction.

En juin, malgré un chantage portant sur la menace de 402 licenciements immédiats, au lieu qu'ils soient étalés sur deux ans, la direction n'a réussi à rallier à son plan qu'une minorité du personnel, essentiellement sa hiérarchie. C'est sur cette arnaque que le syndicat des cadres a signé l'accord, ce qui a renforcé la colère des ouvriers de fabrication et provoqué une nouvelle grève. Si un syndicat ultra-minoritaire, la CFTC, a lui aussi signé, le syndicat majoritaire, la CGT, en accord avec la majorité des travailleurs, rejoint par Sud, a dénoncé cet accord bidon faisant fi de la plus élémentaire démocratie.

Et c'est ce refus des ouvriers de se mettre à genoux, cette solidarité de la CGT et de Sud avec les ouvriers de leur usine, qui a provoqué la hargne de nombreux journaux et de nombreux journalistes, aussi bien au niveau national que local. Ils ont vomi leurs mensonges et dénigré les ouvriers et leurs syndicats.

L'éditorial du rédacteur en chef de l'Express, Christian Barbier, a sans doute été parmi les plus explicites. Il a ainsi condamné ce qu'il a appelé « l'archaïsme syndical » de la CGT de Goodyear, l'opposant à l'évolution « réaliste » de Bernard Thibault, de Jean-Claude Mailly et de François Chérèque. Il a expliqué que, quoi que pensent les ouvriers, le rôle d'un syndicaliste responsable était aujourd'hui d'en passer par ce que demandaient les patrons.

Mais au fond, toute cette hargne antiouvrière affichée ne peut que conforter les travailleurs de Goodyear et tous ceux qui ont choisi de ne pas se laisser faire. Car ce que craignent les patrons comme leurs serviteurs, c'est la démonstration publique que, malgré le chantage, on peut tenir tête à son patron. En ces temps de recul et de détérioration des conditions d'existence des classes populaires, l'insoumission peut être contagieuse. Et malgré cette campagne en règle, la grande masse des travailleurs dans le pays peut comprendre où se trouvent ses intérêts : aux côtés des travailleurs de Goodyear et de tous ceux qui se battent contre l'arbitraire patronal.

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