Palmarès des riches : La bourgeoisie va bien, merci pour elle !17/07/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/07/une2085.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Palmarès des riches : La bourgeoisie va bien, merci pour elle !

Comme chaque année, le magazine économique Challenges publie son palmarès des 500 principales fortunes professionnelles du pays. En résumé, si la plongée des Bourses et la crise de l'immobilier écornent, un peu, certaines fortunes, la grande bourgeoisie est bien loin d'avoir la moindre difficulté.

Chaque année, le constat est le même : le nombre de très riches augmente, au fur et à mesure qu'augmente, ce que ne précise bien sûr pas le journal Challenges, le nombre de travailleurs pauvres ou très pauvres. Depuis 1996, les milliardaires ont triplé. Plus frappant encore, le « ticket d'entrée » pour faire partie des 500 Français les plus riches a quadruplé dans la même période. En 1996, le dernier du palmarès ne possédait « que » 14 millions d'euros ; aujourd'hui, le 500e est à 59 millions d'euros. Quant à la fortune cumulée de ces 500 grands bourgeois, « elle a progressé de 234 % » depuis 1996, passant de 80 milliards à 267 milliards d'euros. Les six premiers du palmarès 2008, avec 81 milliards d'euros, ont donc une fortune supérieure à celle des 500 d'il y a douze ans...

267 milliards d'euros partagés entre 500 personnes ! Ces chiffres donnent le tournis. Mais ils permettent au moins de répondre à tous ceux qui rebattent les oreilles des travailleurs avec tous les déficits qu'il faut combler. Il suffirait, par exemple, de prendre... 3 % de la fortune de ces 500 grands bourgeois pour combler les 8 milliards du déficit de la Sécurité sociale en 2007 !

Les effets limités de la crise pour les grandes fortunes

Comme chaque année, le palmarès des grands bourgeois voit des dégringolades spectaculaires et des ascensions fulgurantes. Reste que les principales places d'honneur sont toujours occupées par les mêmes : les Mulliez, Arnault, Bettencourt, Dassault et autre Bolloré. Cette année, c'est Mulliez, le patron d'Auchan, qui a pris la tête du palmarès avec une fortune de 21 milliards d'euros, talonné par Bernard Arnault (LVMH) et ses 18 milliards, et par l'inamovible Liliane Bettencourt, propriétaire de l'Oréal, avec 13,6 milliards. À eux trois, ces nababs du capitalisme français possèdent un peu plus de 50 milliards d'euros, soit l'équivalent du revenu annuel de 4,3 millions de travailleurs payés au smic.

Certes, pour la première fois depuis 1996, la fortune globale des 500 a légèrement baissé ce qui est principalement dû au plongeon des places boursières et aux conséquences de la crise des subprimes. Mais il est frappant de constater que pour les plus solides de ces bourgeois, les conséquences de la crise restent limitées. La famille Peugeot en est un bon exemple. Si l'action PSA a décroché de quelque 50 % en un an, la fortune de la famille Peugeot reste encore à des niveaux invraisemblables, à 2,9 milliards d'euros (dix fois plus qu'il y a douze ans). L'exploitation des ouvriers continue donc de rapporter gros !

Elle rapporte d'ailleurs même à des spécialistes en « augmentation de l'exploitation » - ce que, dans le jargon guerrier du capitalisme, on appelle les « cost killers », ou « tueurs de coûts ». L'une des plus grosses progressions du palmarès 2008 est celle du groupe Alma Consulting (+ 136 % d'augmentation de la fortune du propriétaire, Marc Eisenberg), ce groupe étant spécialisé dans la « réduction des coûts, des frais de fonctionnement »... et des cotisations sociales !

Les fauteurs de famine

Les autres grands bénéficiaires de l'année sont, sans surprise, les capitalistes ayant des intérêts dans les matières premières. On retrouve ainsi parmi les dix premiers trois actionnaires du peu connu groupe Eramet, spécialisé dans l'extraction du nickel. Ces trois actionnaires se partagent aujourd'hui 16 milliards d'euros. Progression aussi pour Robert-Louis Dreyfus, connu du grand public pour être le propriétaire de l'Olympic de Marseille... mais moins en tant que n°1 mondial du négoce de coton et n°3 du sucre. Avec 10 milliards d'euros, Dreyfus a encore de quoi jouer au ballon pendant quelques années.

Toutes les familles impliquées dans l'agroalimentaire ou le négoce de nourriture voient leur fortune exploser, comme celle d'Emmanuel Besnier, patron du groupe Lactalis, ou de Jean-Claude Mimran, patron de CBAO - spécialisé dans le commerce du sucre et des céréales, en Afrique. Et pendant ce temps, du Sénégal à Haïti en passant par la Côte d'Ivoire et le Maroc, des populations meurent littéralement de faim.

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