Deux nouveaux drames ont eu lieu à trois jours d'intervalle au large des côtes espagnoles.

Lundi 7 juillet, quatorze migrants nigériens ont disparu après le chavirement de leur embarcation qui comptait 37 passagers. Jeudi 10 juillet, neuf enfants de moins de quatre ans et cinq adultes sont morts pendant la traversée. Ils n'ont pas résisté à la faim, la soif et aux brûlures du soleil. Chaque année ce sont des milliers de réfugiés qui perdent aussi la vie en mer Méditerranée !

Ces images horribles ont été diffusées au moment même où le ministre français de l'Immigration, Brice Hortefeux, annonçait ses objectifs à l'occasion de la remise du rapport Mazeaud. Dans ce rapport sur le « cadre constitutionnel de la politique d'immigration », le député de droite a fait mine de critiquer un détail pour mieux approuver l'essentiel.

La commission Mazeaud ayant rejeté le terme « quotas » utilisé par Hortefeux, ce dernier s'est rattrapé en disant préférer parler de « contingents ». Et tous deux se sont trouvés d'accord pour définir la politique migratoire de la France « sur la base d'objectifs chiffrés ». Le ministre en a profité pour annoncer un « projet de loi programme, pour la période 2009-2012, avec des objectifs chiffrés » sur le nombre global d'immigrés accueillis avec des quotas par profession, secteurs d'activités, secteurs d'études pour les étudiants, etc.

Le gouvernement, avec le soutien de cette commission, a aussi décidé de poursuivre avec les pays d'origine la conclusion « d'accords concertés de gestion des flux migratoires ». De tels accords consistent à négocier avec les gouvernements des pays d'Afrique des contingents de leur population autorisée à immigrer vers l'Europe. Hortefeux a déjà signé de tels accords avec cinq pays dont le Sénégal et la Tunisie.

Des centaines de milliers de personnes, poussées par la faim, les guerres ou les dictatures qui règnent dans leur pays, sont prêtes à risquer leur vie et celle de leurs enfants pour tenter une vie meilleure. Que peuvent les barrières dressées par un Hortefeux contre cette volonté d'échapper à une terrible misère ? Rien, si ce n'est accentuer encore les difficultés de ces populations. Il n'y a pas de solution dans un régime social qui maintient l'exploitation et l'oppression.

Dresser des barrières, multiplier les barbelés n'arrêteront pas les migrations. Seules une organisation planifiée des ressources et des besoins à l'échelle de la planète et le contrôle des populations pourront mettre fin à cette situation inhumaine. Autant dire que de cela, Hortefeux, Mazeaud et autres Sarkozy sont incapables.