CMA-CGM : Un appétit insatiable.02/07/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/07/une2083.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

CMA-CGM : Un appétit insatiable.

La réforme des ports autonomes présentée par le gouvernement a été adoptée par le Parlement le 24 juin dernier. Visant à permettre la privatisation du travail sur les ports, elle va être mise à profit par l'armateur qui monte à Marseille, la CMA-CGM, Compagnie maritime d'affrètement - Compagnie générale maritime. Il s'est constamment servi, pour son ascension, de l'aide de l'État ou des collectivités locales et des privatisations.

Jacques Saadé son créateur, à l'époque déjà fortuné, est venu en 1978, lors de la guerre du Liban, installer à Marseille son entreprise d'affrètement la CMA. Celle-ci ouvrait en 1992 une agence en Chine. En 1996, Jacques Saadé bénéficiait de la privatisation d'une entreprise maritime nationale, la CGM, qui assurait la liaison avec les Antilles. Puis, en 2005, il rachetait à Bolloré la compagnie maritime Delmas, spécialisée dans le trafic avec l'Afrique, et devenait le troisième armateur mondial.

Le siège social de onze étages, présenté à l'époque de son inauguration, en novembre 2002, comme luxueux, va être remplacé par une tour de 147 mètres de haut et de 33 niveaux qui s'élève à raison d'un étage par semaine sur le port de Marseille. Cette édification a été favorisée par les travaux d'Euroméditerranée qui ont assuré toute l'infrastructure en voirie comme en installation des réseaux d'eau, d'énergie, de communication, travaux financés par l'Europe, l'État, la Région, le Département et la Ville.

L'appétit du groupe est insatiable. Associé dans Port Synergy à Dubaï Ports, la CMA-CGM est retenue pour gérer un des deux futurs terminaux portuaires privés de Fos2XL, une extension du port de Marseille-Fos. Le Port Autonome de Marseille investit 206 millions d'euros dans la construction de 1 200 mètres de quais, le creusement de la darse pour atteindre 14,5 mètres de tirant d'eau. Les deux opérateurs privés, Port Synergy et le groupe italo-suisse MSC, futurs utilisateurs des terminaux, auront à charge leurs propres aménagements, bâtiment, revêtements des terre-pleins, outillages qui leur coûteront dans les 200 millions d'euros avec la perspective de pouvoir traiter deux millions d'evp par an.

Le groupe propose sa candidature pour racheter Fret SNCF. Il a aussi été retenu par le Port Autonome de Marseille pour restaurer et reprendre la grande forme de radoub du port de Marseille. Un autre candidat a fait stopper la procédure pour l'instant. La CMA reprendrait là un secteur de réparation navale. Son projet y associe un terminal de grande croisière, un hôtel de luxe et un port de grande plaisance de 130 anneaux. L'arrivée prévue du TGV directement sur le port favorise évidemment ces projets.

Année après année, la compagnie maritime acquiert des sociétés de transport maritime dans le monde, de transport fluvial, ferroviaire ou routier. Elle détient un réseau d'entrepôts, des sociétés de croisière et de tourisme, des investissements dans des terminaux portuaires à Tanger, Lomé, Dunkerque ou Houston, Zeebrugge ou Anvers.

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