Carcassonne : Armée = danger !02/07/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/07/une2083.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Carcassonne : Armée = danger !

17 blessés dont deux très graves, c'est le bilan de la journée " portes ouvertes " au 3e RIPMA de Carcassonne organisée le samedi 28 juin. Le clou devait en être la simulation d'une prise d'otages, au cours de laquelle les militaires devaient faire la démonstration de leur capacité à neutraliser des terroristes.

Mais, au lieu de balles à blanc, l'arme d'un des parachutistes était chargée de balles réelles, avec lesquelles il a fait feu sur la foule. Les galonnés se sont succédé pour dire que ce drame était incompréhensible. Le soldat était un militaire chevronné qui n'aurait jamais dû confondre balles réelles et balles à blanc, dont la couleur diffère. Ils parlent " d'erreur humaine ", le militaire ayant utilisé un chargeur à balles réelles qui était dans sa poche. Le procureur de la République reprend la même thèse de " l'erreur humaine " et de la " maladresse ".

Mais personne ne s'étonne de la démonstration que faisaient les soldats ce jour-là. Selon les témoignages, l'exercice consistait à " extraire un otage " puis, en reculant, à " canarder " un ennemi potentiel, ce qui ce samedi-là signifiait tirer dans la foule, ce que fit le soldat qui tira d'abord à blanc avant de prendre dans sa poche ce chargeur à balles réelles. Un enfant de trois ans ainsi que trois autres personnes ont été grièvement blessés et 13 autres plus légèrement. Elles sont heureusement toutes hors de danger de mort.

Pour les militaires, tirer dans une foule désarmée, dans laquelle se trouveraient des ennemis, ne pose visiblement aucun problème. D'ailleurs si, à Carcassonne, ce n'était qu'une démonstration, c'est comme cela que se comportent toutes les armées du monde, tous les jours en Afghanistan, en Irak ou ailleurs. Des soldats y tirent sur des populations civiles désarmées dont le seul tort est de ne pas apprécier la présence des armées occidentales dans leur pays. Et c'est bien ainsi que Sarkozy et l'état-major conçoivent le rôle de l'armée française.

Sarkozy qui a rendu visite aux victimes a lui aussi dénoncé " des négligences inacceptables " et une " absence de maîtrise effrayante dans l'organisation de ces portes ouvertes ". Mardi premier juillet, on a appris la démission du chef d'état-major de l'armée de terre, le général Cuche, sans doute sous la pression du chef de l'État.

Mais celui-ci, chef suprême des armées selon la Constitution, reste évidemment en place, de même que son ministre des Armées, Hervé Morin.

Au-delà de ce qui s'est passé à Carcassonne, ces péripéties traduisent sans aucun doute le malaise qui règne dans les hautes sphères militaires depuis la publication du Livre blanc sur la Défense, qui prévoit une forte réduction des effectifs de l'armée dans les années à venir.

Quant au sergent qui a tiré à balles réelles, dont tous les médias ont soigneusement respecté l'anonymat (secret militaire sans doute), il a été mis en examen. Mais les faits sont là : qu'ils jouent à la guerre ou qu'ils la fassent vraiment, ces rambos sont des dangers pour toutes les populations !

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