Multiplication des journées d'action et convergence des luttes11/06/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/06/une2080.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Multiplication des journées d'action et convergence des luttes

Des corporations dont les activités sont directement touchées par l'envolée du cours du pétrole (pêcheurs, transporteurs routiers, agriculteurs) ont su se mobiliser en quelques jours, d'un bout à l'autre du pays et dans divers pays d'Europe, et cette mobilisation a pris un tour très déterminé. Ce sont des patrons, petits et grands, qui mènent la danse. Et quand les salariés y participent, c'est derrière leurs employeurs.

Mais du côté des organisations syndicales de la classe qui a le plus de moyens de peser sur la situation, la classe ouvrière, parce qu'elle peut paralyser complètement le pays, l'heure n'est pas au même radicalisme. Les syndicats des salariés ne font pas grand-chose, eux, pour coordonner et intégrer dans un plan d'ensemble les actions qu'ils programment.

Et pourtant, on ne peut pas dire que les appels à des journées d'action, de manifestation, de grève, aient manqué ces derniers mois. Chacune est amplement justifiée par les mesures décidées par le gouvernement comme par l'attitude du patronat. Ces mesures relèvent d'une politique clairement définie par Sarkozy et son équipe, qui vise à remettre en cause les quelques garanties qui subsistaient, protégeant encore les conditions d'existence des classes populaires. La logique de la droite au pouvoir est clairement identifiée. On peut clairement voir le lien qui existe entre les suppressions d'emplois dans la Fonction publique, la remise en cause des retraites, l'accroissement programmé de la précarité, la véritable chasse aux chômeurs qu'organise actuellement le gouvernement. Quant au patronat, il lui suffit d'observer et de distribuer les bons points au gouvernement.

Mais du côté des organisations syndicales de salariés, on ne retrouve pas cette cohérence et cette détermination. Les appels se succèdent, se chevauchent parfois, s'adressant à telle ou telle catégorie, portant sur telle ou telle mesure, mais sans que soit mis en relief qu'il s'agit d'une attaque générale et surtout sans qu'il soit possible de discerner la volonté de ces directions syndicales de faire converger ces mobilisations.

On nous explique qu'il faut prendre en compte l'état d'esprit des différents secteurs de salariés qui n'en sont pas au même niveau de mobilisation. Ou encore que les problèmes ne sont pas les mêmes entre par exemple le personnel de l'Éducation nationale, qui défend les postes menacés, et les salariés du secteur privé. Mais plutôt que de mettre en avant les différences, ne serait-il pas plus juste de chercher ce qui peut unifier les différents secteurs ?

On nous dit aussi que les actions d'aujourd'hui aident à préparer les suivantes. Oui, mais à condition que les directions syndicales précisent sans ambiguïté leurs objectifs sans laisser l'impression que cette succession de journées d'action relève du coup par coup (encore que leur multiplication à des jours différents qui réussissent à ne pas se confondre laisse plutôt penser à une programmation savamment calculée). Car pour qu'une journée soit une étape qui en prépare d'autres mieux réussies, il faudrait que les directions syndicales montrent qu'elles veulent l'élargissement et la convergence des luttes.

Or pour l'instant leurs projets se réduisent à vouloir imposer au gouvernement l'ouverture de négociations. Mais pour négocier quoi ? Que le gouvernement aménage des projets qu'il a lui-même mis à l'ordre du jour, aboutissant au mieux à des modifications à la marge de ce que Sarkozy a décidé d'imposer ? Négocier n'est pas un but en soi. Encore faut-il préciser ce que l'on entend discuter, et faire en sorte que le rapport de force permette aux exigences des travailleurs de s'imposer.

Cette volonté-là n'apparaît pas dans l'attitude des directions syndicales, c'est le moins qu'on puisse dire.

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