Centrale nucléaire de Flamanville suspendue : L'EPR sera-t-il construit grâce au Saint-Esprit ?11/06/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/06/une2080.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Centrale nucléaire de Flamanville suspendue : L'EPR sera-t-il construit grâce au Saint-Esprit ?

À la suite d'une inspection en date du 8 avril, l'Autorité de sûreté nucléaire a imposé à EDF l'interruption de la construction de la centrale nucléaire de Flamanville, non loin de Cherbourg.

Il s'agit du dernier-né de la technologie nucléaire française, l'EPR (European Pressurized Reactor), que les dirigeants français essayent de vendre partout dans le monde et dont le premier exemplaire est en construction en Finlande et le second en France, à Flamanville justement.

Le chantier finlandais a déjà pris quelques mois de retard, à cause notamment de problèmes concernant le béton. Les dirigeants d'Areva, le trust français chargé directement de la partie nucléaire, ont alors déclaré que c'était de la faute des entreprises finlandaises, et que cela n'arriverait pas en France.

Mais manque de chance, la France c'était loin d'être béton ! C'est Bouygues qui est chargé des travaux de génie civil et notamment des fondations qui doivent servir de support au réacteur. Il s'agit d'une « semelle » de 10 000 tonnes de béton armé. C'est ce support qui est en cause, pas la partie nucléaire elle-même qui n'est pas encore commencée.

En effet l'autorité de sûreté nucléaire a découvert des anomalies, en particulier sur les contrôles internes concernant la qualité des travaux. Il se peut que Bouygues (ou ses sous-traitants) aient l'habitude de se montrer peu regardants dans bien d'autres domaines, routes, bâtiments, etc. Il n'existe pas partout une autorité de sûreté suffisamment exigeante pour tout arrêter en cas de dysfonctionnement.

En tout cas, ce qui vient de se produire ne surprendra nullement les travailleurs d'EDF qui sont au courant des conditions de travail souvent désastreuses, dans l'entreprise, le secteur nucléaire étant bien loin d'être épargné.

Un témoignage écrit de la section syndicale CGT du centre national d'équipement nucléaire, rédigé avant l'interruption des travaux, fait état « d'horaires hebdomadaires largement dépassés, travail chez soi et le week-end, nervosité depuis le haut de la hiérarchie jusqu'à l'exécutant de base » et encore « chacun se demande quand vont s'arrêter les pratiques actuelles, et s'il faudra des incidents graves parmi le personnel, statutaire ou non, pour qu'il y soit mis un terme ».

Le chantier est mené à marche forcée (sauf maintenant qu'il est interrompu !) avec du personnel compétent en nombre insuffisant, car ces dernières années, avant que le nucléaire ne soit relancé, les embauches n'ont pas compensé les départs.

Le résultat c'est que les trois constructeurs, Bouygues, Areva, Alstom, sous le contrôle insuffisant d'EDF, se montrent incapables de mener sans contretemps ce qu'ils considèrent comme le fleuron de la technologie française, déjà vendue à la Chine et qu'ils espèrent vendre à la Grande-Bretagne et aux USA. Et s'il y a tant de problèmes pour un socle en béton, on peut se demander ce qu'il en sera lorsqu'on passera au nucléaire proprement dit.

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