Amiante : Le poison du capitalisme08/05/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/05/une2075.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Amiante : Le poison du capitalisme

À l'appel de leurs associations, les victimes de l'amiante et leurs familles ont manifesté mardi 6 mai à Lille pour protester contre la lenteur de l'instruction des dossiers amiante.

Sous prétexte d'efficacité, ces 41 dossiers ont été regroupés depuis 2005 au sein d'un " pôle santé publique " mais sans résultats notables. Dans le Journal du Dimanche du 4 mai, Marie-Odile Bertella-Geoffroy, magistrate qui a instruit les affaires du sang contaminé et de l'hormone de croissance et est en charge de 32 de ces dossiers amiante, proteste contre le manque de moyens de ce " pôle santé publique ". Elle estime qu'il faudrait doubler, pendant un à deux ans, le nombre d'enquêteurs, qui ne sont qu'une dizaine, pour terminer rapidement l'instruction des dossiers en cours. Faute de quoi celle-ci pourrait prendre encore au moins trois ans et les procès qu'attendent les familles des victimes en seraient reculés d'autant.

Le scandale de l'amiante risque donc avant longtemps de ne pas être jugé et les responsables condamnés. Pourtant il y a urgence car, chaque jour, dix personnes meurent d'avoir travaillé en contact avec l'amiante et les experts avancent le chiffre total possible de 100 000 décès. Quant aux responsables, ils sont connus, patrons du secteur privé ou du secteur public. Les dossiers concernent les usines Eternit, Everit, de Condé-sur-Noireau (Calvados), l'université de Paris-Jussieu, les chantiers navals de la DCN, la SNCF, la RATP, l'Assistance publique -Hôpitaux de Paris, le port de Dunkerque, etc.

Les associations de victimes dénoncent un manque de volonté des services publics. Ce que confirme Marie-Odile Bertella-Geoffroy qui, à la question du Journal du Dimanche : " Avez-vous le sentiment que l'État se donne les moyens d'arriver jusqu'au procès ? ", répond : " Non ". En effet les instructions en cours mettent en évidence les carences de l'État et des employeurs, mais aussi les agissements du lobby de l'amiante qui faisait feu de tout bois pour empêcher l'interdiction de l'amiante, décision qui ne fut finalement prise qu'en 1997. L'attitude de certains médecins du travail est aussi pointée du doigt, comme celui des usines Ferodo-Valéo de Condé-sur-Noireau qui donnait comme seul conseil aux ouvriers de " boire du lait ". Il a été mis en examen en octobre 2007 pour " non-assistance à personne en péril ".

Les employeurs ont sacrifié hier la santé, voire la vie, de leurs salariés. Aujourd'hui, l'État se désintéresse du sort des victimes et refuse à la justice les moyens pour avancer plus vite. Qu'est-ce d'autre sinon une volonté d'empêcher que toute la vérité soit révélée sur ce qui est un des plus grands scandales dans le domaine de la santé publique ?

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