Égypte : La population pauvre affronte la police11/04/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/04/une2071.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Égypte : La population pauvre affronte la police

Les 6 et 7 avril, dans la ville industrielle de Mahalla al-Kubra, dans le delta du Nil, ainsi qu'au Caire, des manifestations contre l'explosion des prix alimentaires et les bas salaires ont été violemment réprimées par des forces de police omniprésentes. Deux adolescents tués, plusieurs dizaines de manifestants blessés et des centaines d'arrestations, c'est la réponse du gouvernement d'Hosni Moubarak à ceux qui tentaient d'organiser la protestation.

À la veille d'élections municipales jouées d'avance qui devaient se tenir le 8 avril, l'opposition politique avait tenté d'organiser une journée de grève et de " villes mortes ", afin de concentrer ce jour-là l'expression du mécontentement populaire, déjà visible depuis des mois, en particulier dans des rassemblements de milliers d'ouvriers de l'usine textile Misr.

Le gouvernement a mis tout en oeuvre pour que les manifestations ne puissent se tenir. Des forces de police étaient déployées aux endroits stratégiques de la capitale et à Mahalla al-Kubra. La presse avait rappelé l'illégalité de la grève et les risques encourus. Dans l'usine Misr, où des policiers en civil patrouillaient dans un but dissuasif, mille cinq cents travailleurs auraient cependant fait grève et deux mille manifestants se sont rassemblés à la sortie, chargés par la police antiémeute.

Dans les rues de la capitale, où des boutiques avaient fermé, des rassemblements sont aussitôt réprimés par la police, les manifestants réclamant cette fois encore la baisse des prix alimentaires et des hausses de salaires.

En Egypte, près de la moitié des 80 millions d'habitants vivent avec moins de deux dollars par jour et, récemment, des affrontements pour obtenir des galettes de pain dans les boulangeries subventionnées avaient causé la mort de quinze personnes. Le gouvernement semble avoir, ces jours derniers, multiplié la distribution de pain subventionné, rendant les files d'attente moins électriques. La proximité des élections municipales n'y est sans doute pas étrangère.

Il semblerait que Moubarak, malgré les déploiements de forces armées, ne parvienne pas à arrêter le développement des protestations, à la fois contre la misère et contre la dictature et la corruption qu'il impose depuis plus de vingt-cinq ans.

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