"Rigueur", "austérité", "sérieux"... Les mots et la chose02/04/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/04/une2070.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

"Rigueur", "austérité", "sérieux"... Les mots et la chose

Trois jours durant, autour du 1er avril, le Premier ministre François Fillon s'est multiplié sur les plateaux de télévision et de radio pour rassurer le peuple, répétant qu'" il n'y aurait pas de plan de rigueur, mais seulement une gestion sérieuse du budget de l'État ". L'opposition parlementaire et en particulier François Hollande, le secrétaire du Parti Socialiste, prédisent de leur côté que le gouvernement sera contraint de mettre en place " un plan de rigueur " pour équilibrer son budget et qu'il réduira donc les dépenses publiques au détriment de la population. Prédiction d'autant plus certaine et facile à faire qu'elle concerne déjà le présent !

Avec ou sans le terme de " rigueur ", cela fait des années que le gouvernement réduit les dépenses publiques dans les secteurs utiles à la population. Sa politique de " non-remplacement " d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite se traduit par des fermetures de classes, de postes, de gares, de maternités... Ses mesures de franchise médicale, de déremboursement de certains médicaments et d'économies budgétaires dans les hôpitaux imposent un moindre accès aux soins à la partie la plus pauvre de la population. En bloquant le salaire des fonctionnaires, en utilisant de plus en plus de précaires pour faire fonctionner ses services, l'État se comporte comme n'importe quel patron et participe à la diminution générale du niveau de vie des salariés. De plus le gouvernement fait ce qu'il peut pour contribuer à l'appauvrissement général des couches populaires en augmentant le moins possible le smic et les minima sociaux, ainsi qu'en réduisant les droits des chômeurs.

Fillon annonce que le gouvernement " fera des économies partout " et que " tout le monde doit faire un effort ". Ce sont ces mêmes phrases qui ont accompagné ce qui s'est appelé jadis " plan d'austérité ", naguère " plan de rigueur ", et s'appellera demain " plan de sérieux ". Comme à chaque fois, le " partout " veut dire " dans tout ce qui est utile à la population " et le " tout le monde " signifie " tout le pauvre monde "...

Car, loin de revenir sur les cadeaux faits aux plus riches, le gouvernement continue et continuera à diminuer leurs impôts et à financer leurs entreprises. À moins que les travailleurs ne contraignent tous ces gens à une sérieuse cure d'austérité en employant toute la rigueur nécessaire.

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