Perpignan : Les élections municipales et l'" affaire des chaussettes "27/03/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/03/une2069.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Perpignan : Les élections municipales et l'" affaire des chaussettes "

Lors du dépouillement au second tour des élections municipales à Perpignan, le président d'un bureau de vote a été surpris avec quelques bulletins de vote et enveloppes dans les poches et dans les... chaussettes.

Cette fraude électorale avérée a donné lieu depuis à de nombreuses railleries, mais aussi à quelques réactions de colère et d'indignation : le président du bureau de vote coupable est par ailleurs le frère d'un colistier du maire sortant UMP. Selon lui, il avait l'intention de " refaire l'appoint après avoir constaté une erreur de comptage dans le nombre des bulletins déposés dans l'urne ". Ben voyons !

La liste de gauche-Modem, battue de 574 voix (sur 41 938 exprimées), a constitué un recours en annulation déposé vendredi 21 mars auprès du tribunal administratif, en dénonçant plusieurs irrégularités, dont un nombre significatif de procurations et de signatures d'émargement douteuses. La justice devrait se prononcer dans les trois mois.

Tous les jours, pendant une semaine, des manifestations de plusieurs centaines (de 300 à 800) de partisans de l'opposition ont manifesté leur désapprobation de ce qu'on appelle à Perpignan le " système Alduy ", où l'habituel clientélisme a cédé le pas ce coup-ci à la suspicion de fraude généralisée. Un système qui pour l'occasion a été largement représenté par des chaussettes brandies par les manifestants... jusqu'à ce que les initiateurs du mouvement de protestation leurs préfèrent un bandeau noir au bras en signe de " deuil de la démocratie ".

On ne peut que partager l'indignation de ceux qui s'estiment floués sur le plan de l'expression démocratique, par des méthodes et des pratiques qui, si elles étaient avérées, seraient bien sûr inacceptables et condamnables.

Mais si l'on parle des entorses à " la démocratie ", il ne faut pas s'arrêter là. Que dire en effet de la pratique, bien légale cette fois, qui consiste à priver de tout droit de vote des milliers de travailleurs qui, bon an mal an, essaient de gagner leur vie en se faisant durement exploiter dans le bâtiment ou l'agriculture, au prétexte qu'ils sont étrangers ?

Si annulation il y a, ce sera tant mieux contre le système du maire sortant, mais la " démocratie " restera tout aussi incomplète pour les travailleurs et la population, en particulier celle des quartiers pauvres de Perpignan, qui n'aura vraiment de chance de se faire entendre que par sa mobilisation.

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