Arvin Meritor - Saint-Priest (Rhône) : Une grève qui remonte le moral27/03/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/03/une2069.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Arvin Meritor - Saint-Priest (Rhône) : Une grève qui remonte le moral

Après trois jours de grève et de blocage de l'usine, les travailleurs d'Arvin Meritor, à Saint-Priest, ont fait reculer leur direction sur les salaires.

L'ancienne Usine Ponts-Essieux de RVI (Renault Véhicules Industriels) a été vendue au groupe américain Arvin Meritor il y a un peu plus de trois ans, alors que les autres usines restaient Renault Trucks, propriété de Volvo. En changeant de patron, les travailleurs ont perdu la plupart de leurs acquis, comme les RTT qui ont été entièrement supprimées, des jours de congé perdus, ou encore le nombre d'heures de délégation des militants réduit au minimum légal. Les deux entreprises sont restées très liées puisque l'usine Arvin Meritor de Saint-Priest produit essentiellement pour Renault Trucks, et les travailleurs eux aussi sont restés liés car ils continuent à emprunter les mêmes cars de transport du personnel que les travailleurs de l'usine de Vénissieux.

L'usine compte aujourd'hui 640 embauchés de toutes catégories et plus de 200 intérimaires, essentiellement ouvriers. Les cadences de travail ne cessent d'augmenter, en particulier sur les chaînes de montage. Quant aux salaires, ils sont aussi bas que dans les autres entreprises de la métallurgie, ce qui explique le recours aux heures supplémentaires de nombreux salariés qui n'arrivent pas à finir le mois.

En mars, la direction a entamé les négociations annuelles sur les salaires et a proposé dans un premier temps 1,6 % d'augmentation générale et 1,3 % pour les augmentations individuelles. Un premier débrayage de protestation, vendredi 14 mars, a regroupé 120 personnes en équipe du matin et à la journée. Leur nombre a remonté le moral des grévistes car les débrayages dans l'entreprise sont habituellement peu suivis et, de plus, les employés étaient exceptionnellement nombreux à être sortis.

Sentant le mécontentement grandir, la direction annonça une nouvelle réunion de négociations mardi 18 mars, où elle proposa... 0,2 % de plus pour les augmentations individuelles ! Ce fut considéré comme une provocation, et une nouvelle grève fut décidée pour le lendemain. La colère était d'autant plus grande qu'à Renault Trucks les travailleurs vont toucher, en plus d'augmentations de salaire du même ordre, un intéressement de 1 600 euros, alors qu'il n'y aura aucun intéressement à Arvin Meritor.

La grève a donc commencé le 19 mars et aucun camion n'a pu entrer ni sortir pendant trois jours. Malgré le froid revenu et la pluie tout le vendredi, l'ambiance était chaleureuse autour des braseros, et le moral entretenu par les klaxons d'encouragement des camions et des trains passant devant l'usine. Tous les jours, des manifestations avaient lieu dans l'usine pour faire débrayer les quelques ouvriers au travail. Les grévistes étaient entre 50 et 100 en permanence au piquet de grève devant la porte, et c'est là qu'ils prenaient, ensemble, leurs décisions. Les employés débrayaient quelques heures tous les jours.

Les intérimaires au travail n'ont bientôt eu plus rien à faire et ont été renvoyés chez eux le 21 mars. Très vite, les usines de montage de Bourg-en-Bresse et de Blainville n'ont plus été approvisionnées et ont été mises en RTT. L'Usine Moteurs de Vénissieux a aussi été mise en RTT vendredi 21 et mardi 25 mars.

La direction a dû reprendre les négociations dès le premier jour de la grève, qui lui coûtait cher. Il lui a quand même fallu trois jours pour lâcher un peu plus d'argent. Chaque fois, des grévistes ont participé aux négociations, aux côtés des représentants syndicaux.

Finalement, le 21 mars, la direction a proposé 2,2 % d'augmentation générale, avec un talon de 30 euros, et 0,7 % pour les augmentations individuelles, ainsi qu'une augmentation de 20 % des primes liées aux conditions de travail et une augmentation de 4 euros de la part patronale sur la mutuelle, le tout avec effet rétroactif au 1er février. Une prime de 500 euros sera versée à tous au mois d'avril et le retrait des trois jours de grève sera étalé.

Sur la centaine de grévistes présents le 21 mars après-midi, 80 ont voté pour la reprise du travail et 15 pour continuer, ces derniers estimant qu'ils étaient en position de force pour obtenir plus d'augmentation. Mais la majorité craignait que la grève s'effrite au cours du long week-end de Pâques, et a donc préféré arrêter la grève tous ensemble ; avec un moral renforcé par la démonstration faite auprès de cette direction qui se croyait tout permis.

Partager