Après le rejet dans les urnes, il faut le rejet dans les luttes sociales21/03/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/03/une2068.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Après le rejet dans les urnes, il faut le rejet dans les luttes sociales

Les résultats du deuxième tour des élections municipales ont confirmé et amplifié ceux du premier tour. La gauche progresse encore d'un tour à l'autre au détriment de la droite. Les ministres ont beau jongler avec les mots, insister sur le caractère local de ces élections, les résultats constituent un revers pour le gouvernement et sa politique.

En menant une politique contraire aux intérêts de la majorité de la population et au service d'une petite minorité de riches, le gouvernement a non seulement renforcé le dégoût et l'exaspération de ceux qui, à la présidentielle, avaient voté contre Sarkozy, mais il a déçu une partie de ceux-là mêmes qui l'avaient élu. Le désaveu est clair, et il était nécessaire.

Le soir même des élections, Fillon affirmait pourtant : " La politique de la France, les électeurs l'ont majoritairement choisie à l'occasion des élections présidentielle et législatives (...) et nous allons poursuivre cette politique. "

La référence de Fillon aux élections de l'année dernière est doublement mensongère. Sarkozy n'avait obtenu au premier tour que 31 % des votes. Même au deuxième tour, compte tenu des abstentions et des votes blancs, il n'a été suivi que par 43 % des électeurs. Se prévaloir du soutien de la majorité de la population est d'autant plus tendancieux qu'une fraction importante des salariés, les travailleurs immigrés, concernés pourtant et ô combien par les mesures antiouvrières et réactionnaires du gouvernement, n'ont pas le droit de voter. Et puis, l'élection de Sarkozy ne signifie pas qu'il a un chèque en blanc sur tout et n'importe quoi pour les cinq ans à venir.

Mais ce qu'on appelle la démocratie est ainsi fait que le président de la République et le gouvernement qu'il désigne peuvent poursuivre comme si de rien n'était la politique que la majorité rejette.

Les travailleurs n'attendront pas les échéances électorales de 2012, dans quatre ans ! Ils ne peuvent pas laisser le gouvernement continuer à prendre des mesures antiouvrières, celles déjà annoncées comme celles qui sont encore dans les dossiers ministériels. Une nouvelle attaque contre les retraites est déjà programmée avec le passage à 41 du nombre d'annuités de travail pour avoir droit à une retraite complète. Est déjà programmée la réforme des contrats de travail, destinée à faciliter les licenciements et à rapprocher un peu plus encore les CDI des contrats précaires.

Et il y aura ce que l'on n'a pas osé annoncer avant les élections, la hausse de la TVA pour compenser les cadeaux fiscaux aux plus riches, des mesures d'austérité qu'on baptisera autrement et dont on nous dira qu'elles sont imposées par la crise financière qui s'aggrave.

Les travailleurs ne peuvent pas attendre que leur pouvoir d'achat s'effondre avec les hausses de prix. Ils ne peuvent pas subir les fermetures d'usines, les suppressions d'emplois, y compris et surtout par les entreprises les plus riches dont les actionnaires se partagent des profits fantastiques. Ils ne peuvent pas se contenter des statistiques bidons qui osent afficher une diminution du chômage du simple fait qu'on multiplie les contrats précaires à peine payés qui ne compensent pas les emplois en CDI supprimés.

La poussée électorale vers la gauche, qui se traduit par le changement de la majorité municipale dans plusieurs dizaines de villes, entraînera peut-être des conséquences dans la gestion des villes concernées. Le sort des classes populaires ne changera pas fondamentalement pour autant.

Ce que l'on peut souhaiter, c'est que le rejet de la politique de la droite n'en reste pas à sa seule expression électorale mais qu'il se traduise sur le terrain social. Les urnes ont exprimé les sentiments des classes populaires. Mais, pour faire reculer le gouvernement et le grand patronat, il n'y a d'autre moyen que l'explosion sociale, que les luttes amples et déterminées, à même de faire ravaler à Sarkozy-Fillon leur prétention à continuer une politique catastrophique pour les salariés, les chômeurs et les retraités.

Arlette LAGUILLER

Éditorial des bulletins d'entreprise du 17 mars

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