Snecma - Île-de-France : La grève pour les 150 euros07/03/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/03/une2066.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Snecma - Île-de-France : La grève pour les 150 euros

La grève pour les 150 euros mensuels d'augmentation pour tous se poursuit à la Snecma. Commencée le 18 février à l'usine de Gennevilliers, elle a connu deux moments forts. D'abord, le 27 février, lors d'un rassemblement imposant qui a réuni à l'usine de Villaroche près de 1 000 grévistes dont plusieurs centaines venus des autres centres du groupe Snecma d'Ile-de-France : de Gennevilliers, d'Hispano Réau et de Corbeil-Essonnes. Et l'autre, mardi 4 mars à l'usine de Gennevilliers qui a regroupé environ 1 200 grévistes et où étaient aussi présents des travailleurs de l'usine Snecma Services de Saint-Quentin-en-Yvelines.

Si la direction comptait sur un essoufflement du mouvement à Gennevilliers, elle a dû déchanter ! Même les travailleurs qui ont repris le travail restent très attentifs et participent nombreux aux actions de débrayages ainsi qu'aux rassemblements inter-usines. D'autres sont entrés dans le mouvement à l'annonce de sanctions qui visaient des grévistes de différents centres.

Une grève juste et légitime

Cette grève est légitime aux yeux de tous. Les propositions salariales faites par la direction pour l'année 2008 sont ridicules : entre 1,8 et 2 % d'augmentation selon les qualifications. C'est une misère, comparé à la flambée des prix des denrées alimentaires, des loyers, de l'essence. Les grévistes ont la conviction que la Snecma a les moyens de payer. C'est une évidence quand on connaît le niveau des profits du groupe Safran auquel elle appartient : 406 millions d'euros en 2007 !

Dès les premiers jours de la grève, les travailleurs ont compris que pour avoir une chance de gagner, il leur fallait tout faire pour ne pas rester isolés et pour étendre le mouvement dans tous les ateliers de production de l'usine d'abord, ensuite dans les autres usines du groupe. Cette idée était dans la tête de beaucoup. Les plus anciens ont en mémoire la grève de 1988, elle aussi sur les salaires.

À l'époque déjà les travailleurs de Gennevilliers, de Corbeil, de Villaroche et d'autres usines s'étaient rencontrés et avaient réussi à mener de nombreuses actions communes. Bien sûr, 1988 est loin et le personnel de l'usine s'est en grande partie renouvelé. Mais les expériences acquises à l'époque, les sillons tracés dans le passé restent longtemps imprimés dans la mémoire collective. Et c'est pourquoi les grévistes de Gennevilliers ont tout naturellement été convaincus de la nécessité d'aller dans les autres centres : d'abord à Hispano Colombes, ensuite à Corbeil-Essonnes, enfin à Villaroche et à Saint-Quentin. La visite des grévistes de Gennevilliers, le mercredi 28 février dans ce dernier centre, a été d'autant plus appréciée que cela a permis de populariser à la fois la revendication des 150 euros et d'affirmer une solidarité active avec les grévistes menacés de sanctions.

Car la direction s'inquiétant devant le mouvement qui perdure, tente par tous les moyens d'intimider les grévistes. Dans plusieurs usines, les lettres recommandées avec entretien préalable ont déjà été envoyées : une à Corbeil, quatre à Gennevilliers, qui s'ajoutent aux huit sanctions prononcées à Saint-Quentin.

Lundi 3 mars la direction a annoncé aux syndicats des propositions : 15 euros brut d'augmentation de prime de transport et une hypothétique embauche de trente intérimaires sur l'ensemble du groupe. Cela a été ressenti par tous comme une véritable provocation et lors du rassemblement de Gennevilliers du mardi 4 mars, au lendemain de cette annonce, les réactions de colère étaient nombreuses. " On fait pas la manche ! ", " C'est honteux ! ", " Ils se moquent de nous ". " Nous ne voulons pas de miettes ". Quant aux sanctions, la direction ne s'est engagée sur rien.

150 euros mensuels d'augmentation : une nécessité

Après deux semaines de grève pour les plus déterminés et de nombreux débrayages pour beaucoup d'autres, la grève est arrivée à un moment crucial. Pour maintenir la pression vis-à-vis de la direction, les plus déterminés ont proposé une nouvelle action à une date rapprochée qui concernerait, une fois encore, l'ensemble des travailleurs de la Snecma. Il s'agit d'une manifestation au siège de l'IUMM à laquelle la Snecma est adhérente. La CGT, principale organisation syndicale, propose elle un rassemblement à une date bien plus lointaine, le jeudi 13 mars devant la direction du Groupe Safran et, ensuite, un temps fort, une fois par semaine. Si cette politique était adoptée (ou imposée) cela risquerait d'affaiblir le mouvement. Mais il n'est pas dit que les plus déterminés des grévistes acceptent que leur grève soit ainsi dissoute dans ces fausses perspectives d'action, éloignées dans le temps.

La Snecma a les moyens de payer. L'ex-numéro 2 du Groupe Safran va encaisser plus de 150 000 euros de dividendes supplémentaires dans les prochains mois. Que les patrons de la Snecma soutenus par ceux de la métallurgie et de tout le Medef osent ne rien céder est absolument inacceptable.

Les caisses sont pleines, voilà ce qui conforte les grévistes dans leur bon droit. Leur détermination est toujours là et il va bien falloir que la direction le comprenne. Comme le disait plus d'un gréviste " aux quinze euros que nous propose la direction, il manque un zéro " !

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