Sarkozy en Afrique du Sud : Dans la continuité de l'impérialisme français en Afrique07/03/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/03/une2066.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Sarkozy en Afrique du Sud : Dans la continuité de l'impérialisme français en Afrique

De la visite de Sarkozy en Afrique du Sud, la presse n'aurait pu retenir que les contrats signés aux bénéfices d'Alstom, Bouygues, Areva ou EDF. Mais certains ont voulu voir dans le discours prononcé par Sarkozy au Cap, devant le Parlement sud-africain, " un discours historique ", " une rupture " dans les vieilles pratiques de la diplomatie française en Afrique, la remise en cause de la " Françafrique ", etc.

En fait, Sarkozy s'est contenté de broder autour du thème : " la France n'a pas vocation à maintenir indéfiniment des forces armées en Afrique ", " l'Afrique doit prendre en charge ses problèmes de sécurité ". Quelques jours après l'intervention de l'armée française aux côtés du dictateur tchadien Idriss Deby, dont le pouvoir était menacé par des rebelles armés, on a du mal à ne pas y voir une nouvelle manifestation de son hypocrisie.

D'ailleurs, si la France maintient en permanence et depuis des décennies plusieurs milliers de soldats déployés au Sénégal, en Côte-d'Ivoire, au Gabon, au Tchad, en Centrafrique et à Djibouti, c'est qu'elle n'a jamais renoncé à conserver un droit de contrôle sur ce qui se passait sur le continent africain, et plus particulièrement dans ses anciennes colonies. Et depuis l'époque des indépendances des années soixante, la liste des interventions militaires françaises n'a cessé de s'allonger avec le Cameroun, le Biafra, le Congo, le Gabon, le Tchad, la Côte-d'Ivoire et le Rwanda.

Seulement, depuis quelques années, le contexte international a changé et la concurrence économique entre les puissances occidentales est de plus en plus acharnée. En Afrique, les marchés privilégiés dont jouissaient jusque-là les capitalistes français pour s'approvisionner en matières premières à bas prix ou pour trouver des débouchés à leurs industries sont de plus en plus menacés par d'autres appétits, notamment ceux des capitaux américains. La France a subi plusieurs revers dans sa politique africaine, notamment au Zaïre, au Tchad où l'exploitation pétrolière lui a échappé, et au Rwanda où, en s'engageant militairement et jusqu'au bout dans le soutien du régime en place, fût-il une sanglante dictature, elle s'est placée dans le camp perdant, alors que ses concurrents anglo-américains, en prenant le parti des opposants, se retrouvaient dans celui des vainqueurs.

Pour éviter d'avoir à assumer seule le poids de ces interventions militaires, la France essaie de plus en plus de les faire couvrir par des mandats de l'ONU ou de l'Union européenne, et d'y associer des troupes africaines. C'est le cas actuellement en Côte-d'Ivoire ou à la frontière du Tchad avec le Soudan. En affirmant que désormais " la sécurité de l'Afrique, c'est d'abord l'affaire des Africains ", et en choisissant l'Afrique du Sud pour tenir ces propos, Sarkozy a surtout voulu flatter les dirigeants de ce pays qui ont choisi de s'impliquer de plus en plus dans les conflits qui secouent le continent africain... avant de leur faire signer des contrats commerciaux, et peut-être des contrats de coopération militaire afin de s'assurer que les intérêts des capitalistes français sur le continent africain continueront d'être préservés envers et contre tout ; y compris si besoin est par la force militaire, exactement comme cela se produit depuis cinquante ans.

Partager