Espagne - Élections générales du 9 mars : Zapatero ou Rajoy, ça ne changera pas la vie07/03/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/03/une2066.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Espagne - Élections générales du 9 mars : Zapatero ou Rajoy, ça ne changera pas la vie

Dimanche 9 mars auront lieu en Espagne les élections générales pour désigner les députés du Parlement national. Si le Parti Socialiste (le PSOE) et ses alliés l'emportent, l'actuel chef du gouvernement Jose Luis Zapatero restera en place. Dans le cas contraire, le poste de chef du gouvernement reviendrait à Mariano Rajoy, l'actuel leader du parti de droite, le Parti Populaire (le PP).

Les deux principaux moments de la campagne auront été les deux débats télévisés (retransmis sur la Chaîne parlementaire en France) qui, le lundi 25 février puis le lundi 3 mars, ont opposé les deux numéros 1. D'après les sondages, ces face-à-face auraient tourné à l'avantage du leader socialiste, qui semble avoir marqué des points dans un électorat populaire, où le mécontentement concernant les salaires, l'emploi, le logement risque de se traduire par des abstentions.

C'est que, dans ces débats, Jose Luis Zapatero n'a pas eu grand mal à paraître comme un homme de gauche, progressiste et à l'écoute des problèmes de la population face à son adversaire. Celui-ci s'est adressé à l'électorat de la droite en flattant les préjugés réactionnaires. Ainsi il a dénoncé à plusieurs reprises les mesures de régularisation des sans-papiers, responsables d'après lui, à la fois du développement de l'insécurité et du chômage. Il a fustigé par ailleurs l'ouverture tentée par Zapatero pour négocier avec les indépendantistes basques d'ETA, l'accusant d'encourager le terrorisme. Ou encore, lors du dernier débat, il s'en est pris aux conséquences pour la population pauvre d'une gabegie économique qui serait liée à l'incompétence des socialistes. Comme Aznar, son très impopulaire prédécesseur à la tête du PP, Rajoy ne cachait ni son mépris, ni son agressivité.

Zapatero a donc pu présenter avantageusement son bilan, insistant sur les mesures prises par son gouvernement en faveur des droits des femmes, des immigrés. Sur le plan de la condition des classes populaires, il s'est vanté d'avoir augmenté le salaire minimum. Son autosatisfaction n'a certainement pas suffi à faire oublier aux travailleurs pauvres qu'au bout de quatre ans de pouvoir socialiste, celui-ci atteint péniblement... les 600 euros, ni aux classes populaires qu'en Espagne 8 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté, c'est-à-dire avec moins de 530 euros par mois. Tout cela, alors que dans ces quatre mêmes années le gouvernement socialiste a réduit de 35 % à 30 % l'impôt des grandes entreprises, faisant ainsi un cadeau de quelque trois milliards à la bourgeoisie. Il a évoqué ses mesures contre la précarité dans le travail... qui se sont surtout traduites par des cadeaux au patronat. Et ce ne sont que quelques exemples.

Pour les classes populaires, le bilan de Zapatero est peu convainquant, et il le sait. Lors du deuxième débat, il a donc évoqué des mesures en faveur du monde du travail. Il a insisté sur des nouvelles mesures en faveur des emplois fixes, et parlé d'un relèvement des salaires. Il a parlé de prendre des mesures pour diminuer le nombre d'accidents du travail, domaine dans lequel l'Espagne bat des records tragiques. Il a parlé aussi de favoriser le logement social, dans ce pays où des familles entières se ruinent à payer les emprunts contractés pour accéder à la propriété, faute de logements disponibles à des loyers accessibles. Mais les promesses sont vagues, comme le sont encore plus les moyens mis en oeuvre pour les financer.

Les problèmes qui existent outre-Pyrénées ressemblent décidément beaucoup à ceux que le monde du travail connaît en deçà. Sans doute Zapatero profitera du fait que bien des travailleurs voteront pour le " tout sauf Rajoy ". Mais ceux-ci s'attendent aussi à le voir poursuivre la même politique que celle qu'a menée son équipe depuis quatre ans. Et voter contre la droite n'a jamais suffi à obtenir une amélioration des salaires, des conditions de travail et de vie.

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