Arlette Laguiller à Paris, le 29 février07/03/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/03/une2066.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Divers

Arlette Laguiller à Paris, le 29 février

Envoyez dans les conseils municipaux des militants de Lutte Ouvrière !

Vendredi soir 29 février, au Théâtre de la Mutualité à Paris, 1 400 personnes ont participé au meeting de soutien aux candidats de Lutte Ouvrière de l'Île-de-France. Devant une tribune où figuraient une trentaine d'entre eux, c'est sous les applaudissements que Patrice Crunil, candidat de Lutte Ouvrière à Argenteuil et ouvrier à l'usine Snecma de Gennevilliers, a relaté le mouvement de grève dans les usines du groupe. Puis Arlette Laguiller, elle-même candidate aux Lilas, en Seine-Saint-Denis, a exposé les raisons du vote pour les candidats de Lutte Ouvrière. Nous publions ci-après des extraits de son intervention.

Travailleuses, travailleurs, camarades et amis,

(...) Nous n'avons jamais été de ceux qui ont présenté l'accession de Sarkozy au pouvoir comme une " catastrophe politique ", (...) un pouvoir fort contre lequel il aurait été, pour les travailleurs, plus difficile de se battre. Et face auquel il aurait fallu attendre la prochaine élection présidentielle, en 2012, dans cinq ans !

Les travailleurs ne peuvent pas attendre, ils ne peuvent pas subir les licenciements, les fermetures d'entreprise, y compris par de grands groupes dont les PDG étalent cyniquement les profits records. Ils ne peuvent pas attendre que leur pouvoir d'achat s'écroule. Ils ne peuvent pas observer, résignés, qu'on allonge les horaires de travail, qu'on repousse l'âge de la retraite et qu'on diminue leurs pensions. Malgré la pression du chômage, leurs forces sont intactes. Ce sont eux qui font marcher l'économie. (...)

Et, pendant que les prix augmentent, comme augmentent les profits des groupes capitalistes de l'agroalimentaire ou de la distribution, les salaires, eux, n'augmentent pas, pas plus que les pensions de retraite ou d'invalidité et les allocations pour les chômeurs handicapés.

Alors oui, l'augmentation générale de tous les salaires, des allocations et de toutes les pensions de retraite est aujourd'hui une exigence vitale ! Et, devant la relance de l'inflation, une autre revendication redevient d'actualité : celle de l'échelle mobile de tous les salaires et de toutes les pensions.

Mais ce qui se passe à propos des prix pose un autre problème, bien plus général. (...)

Contrôler la comptabilité des entreprises

(...) Nous affirmons et nous répétons depuis des années que la mesure essentielle que les travailleurs devront mettre en tête de leurs revendications, une mesure qu'ils devront imposer lorsqu'ils seront en situation de changer le rapport de force en leur faveur, c'est d'imposer le contrôle par la population de la comptabilité des entreprises, et surtout des plus grandes.

Cela signifie contrôler au jour le jour l'argent qu'elles reçoivent et qu'elles dépensent, savoir à quoi et comment. Combien ces super et hypermarchés par exemple imposent comme dessous-de-table, comme marges arrière, à leurs fournisseurs plus petits et plus faibles, producteurs paysans et artisans ? Quels sont les termes de leurs accords secrets avec des fournisseurs lorsqu'ils sont aussi puissants qu'eux, pour voler ensemble les consommateurs ?

(...) Tout cela est possible et à la portée du monde du travail. Car toute opération commerciale, comme toute opération bancaire, passe entre les mains des travailleurs. (...) Bien sûr, chacun ne voit qu'une petite parcelle des opérations mais, en mettant ensemble ce que chacun sait, les travailleurs savent tout.

Des associations de consommateurs (...) ont attiré l'attention des médias sur l'ampleur des hausses de prix que les ménagères constatent depuis plusieurs semaines, (...) sur le niveau artificiellement élevé des tarifs des appels de la téléphonie mobile. Ces associations de consommateurs devraient, bien sûr, se voir reconnaître des droits d'investigation et de contrôle élargis. Mais (...) leur efficacité pourrait être multipliée si elles pouvaient compter sur les témoignages des travailleurs qui occupent toutes les étapes de la chaîne de production et de la commercialisation.

Aujourd'hui, les lois interdisent aux travailleurs de s'informer mutuellement de la marche de leur entreprise et, à plus forte raison, de centraliser leurs connaissances partielles, au nom du secret commercial, du secret industriel, du secret bancaire. (...)

Mais les lois sur le secret des affaires peuvent être changées, (...) elles peuvent ne pas être respectées. Car ce sont des lois iniques, contraires aux intérêts de la majorité de la société, qui n'ont aucune autre raison d'être que de protéger aux yeux de la population les capitalistes, leur gangstérisme, leur prédation, leurs gaspillages. (...)

On nous dit que les profits sont indispensables à la bonne marche de l'économie. Mais ils ne sont utiles ni aux travailleurs, ni à la société. Ils sont même nuisibles. Cela fait bien des années que les grandes entreprises, au lieu d'investir dans la production et de créer des emplois, placent leur argent (...) dans la spéculation.

On impose aux travailleurs des conditions de travail de plus en plus dures qui les usent, qui les vieillissent avant l'âge, quand elles ne les poussent pas au suicide. On bloque les salaires. On impose, au nom de la compétitivité, de plus en plus de travail et de plus en plus mal payé. Tout cela pour que les profits réalisés soient joués à la roulette de la spéculation financière, avec pour conséquence cette crise financière qui a commencé à l'été 2007 et qui n'est manifestement pas terminée.

(...) Combien de besoins élémentaires de combien de millions de gens aurait-on pu satisfaire avec les dizaines, les centaines de milliards de dollars partis dans la fumée de la spéculation ? Combien de logements dignes de ce nom aurait-on pu construire, combien d'écoles, d'hôpitaux, de dispensaires ? Combien de régions sous-développées de la planète aurait-on pu équiper en infrastructures ? Combien de femmes, d'hommes, d'enfants aurait-on pu sauver de la sous-alimentation et de la faim ?

Revendiquer les idées communistes

Voilà pourquoi (...) nous continuons à nous revendiquer des idées communistes. Le système capitaliste, basé sur la propriété privée des moyens de production, sur l'exploitation, sur le marché, sur la concurrence, sur la recherche du profit, n'est pas seulement injuste. Il est aussi irrationnel, incapable de permettre à l'humanité un progrès à la mesure des possibilités scientifiques et techniques.

La perspective que nous entendons incarner, c'est celle qui vise à renverser le capitalisme et à le remplacer par un système économique et social plus juste et plus rationnel. Et nous avons la conviction que la classe ouvrière reste la seule classe sociale qui a potentiellement les moyens d'aller jusqu'au bout de la transformation sociale : exproprier le grand capital et jeter les fondements d'une organisation économique nouvelle.

Mais, pour que la classe ouvrière puisse, le moment venu, s'emparer de ce programme, il faut qu'existe un parti ouvrier révolutionnaire qui le défende et le fasse connaître aux travailleurs. Non pas un parti fourre-tout, un peu altermondialiste, un peu écologiste, un peu féministe, un peu solidaire des peuples opprimés, mais un parti communiste révolutionnaire se revendiquant de cette filiation d'idées qui ont été incarnées, dans le passé, par Marx, Engels, Rosa Luxemburg, Lénine et Trotsky, et par le Parti Socialiste et le Parti Communiste, à leurs origines respectives. (...)

Défendre les intérêts du monde du travail

Mais cette perspective ne peut et ne doit pas empêcher de participer aux luttes quotidiennes de notre classe sociale. Bien au contraire. Les deux vont de pair. (...)

Dans ces combats quotidiens, il y a les combats grévistes (...). Il y a aussi les combats politiques, petits et grands. Les municipales qui viennent en sont un. (...)

Aucune municipalité ne peut, bien sûr, résoudre les principaux problèmes des travailleurs, le chômage, les bas salaires. Aucune municipalité ne peut échapper à la dictature des grands groupes industriels et financiers qui, en fermant une usine, peuvent ruiner une ville. Aucune municipalité ne peut, non plus, suppléer aux défaillances de l'État lui-même. (...)

Mais, à l'intérieur de ces étroites limites, la municipalité peut faire des choix (...) plus ou moins favorables aux classes laborieuses. Et elle peut, surtout, se comporter de telle façon que les salariés, les retraités, les chômeurs, puissent avoir de bonnes raisons de penser qu'ils trouvent du côté de la municipalité des gens qui comprennent leurs problèmes et qui essaient de trouver des solutions.

Si vous envoyez des militants de Lutte Ouvrière au conseil municipal, je peux vous garantir qu'ils y seront les représentants des intérêts sociaux et politiques des exploités, des chômeurs, des retraités et des plus démunis. Ils feront au conseil municipal ce qu'ils ont toujours fait en militant. Ils appuieront ce qui est favorable aux travailleurs. Ils critiqueront ce qui ne l'est pas. Ils s'engagent à soutenir et à relayer, au sein du conseil municipal, les luttes de ceux qui défendent leurs conditions de vie et de travail, travailleurs en grève, Français ou immigrés, mal-logés qui luttent, usagers qui refusent la dégradation des transports, des écoles et des services publics. (...)

Nous chercherons à favoriser les initiatives de la population, en utilisant le mandat de conseiller municipal si les électeurs veulent bien nous le confier. Là où ce ne sera pas le cas et où nous n'aurons pas de camarades dans le conseil municipal, cette activité politique, nous la ferons quand même. (...)

Nous pensons, avec Marx, que " l'émancipation des travailleurs sera l'oeuvre des travailleurs eux-mêmes ". Bien sûr, les travailleurs ne peuvent pas s'émanciper dans le cadre d'une seule municipalité ! Mais ils peuvent découvrir les idées politiques et les perspectives communistes dans leurs quartiers comme dans leurs entreprises. Ils peuvent, aussi, y faire l'apprentissage de l'action collective.

(...) Et nous avons bien l'intention de faire ce travail partout où nos forces nous le permettent, même si nous ne sommes pas au conseil municipal. Mais un conseiller municipal peut être un point d'appui. Les conseillers municipaux Lutte Ouvrière seront ces points d'appui. (...) Alors, votez et faites voter contre la droite et envoyez dans les conseils municipaux des militants de Lutte Ouvrière !

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