Pfizer - Pocé-sur-Cisse (Indre-et-Loire) : Deux ministres pour un coup de bluff !27/02/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/02/une2065.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Pfizer - Pocé-sur-Cisse (Indre-et-Loire) : Deux ministres pour un coup de bluff !

Rendant compte de la visite, la veille, de la ministre de l'Économie Christine Lagarde et du secrétaire d'État Novelli à l'usine Pfizer de Pocé-sur-Cisse près d'Amboise, le quotidien régional la Nouvelle-République du 13 février s'extasiait : " Fermeture d'un côté, ouverture de l'autre, en moins de deux jours, Pfizer montre à quel point le monde d'aujourd'hui va vite ". À y regarder de plus près, ce qui va vite est surtout la communication ministérielle et la propension des journalistes à y accorder foi.

De quoi s'agit-il ? Le 7 février était confirmée la fermeture du centre de recherches de Pfizer à Pocé, aucun des repreneurs annoncés n'ayant été retenu. Bilan : 149 emplois très qualifiés supprimés. Le 12 février, annonce très médiatisée de la création de 440 emplois dans un délai de cinq ans, au prix de 130 millions d'euros d'investissements dans l'usine de production installée sur le même site, et qui emploie actuellement quelque 650 salariés. Ces investissements seraient consacrés d'abord au développement de médicaments inhalables, puis à la production de ces médicaments s'ils s'avèrent efficaces.

En fait, en dépit du fracas des annonces, le solde réel des emplois à Pocé est aujourd'hui nettement négatif. En 2008, il y aura dans le meilleur des cas un investissement de 30 millions d'euros et les 37 emplois dédiés à cette activité ne seront certainement pas des emplois créés mais des transferts. Au bilan des emplois perdus, il faut compter, outre les 149 du centre de recherches, une centaine d'intérimaires renvoyés l'an dernier, l'arrêt programmé de la fabrication des produits vétérinaires qui emploie une cinquantaine de salariés, et la réduction générale des effectifs sur les lignes de production.

La ministre Lagarde s'est flattée d'avoir négocié " au plus haut niveau " à New York. Qu'a-t-elle mis dans la corbeille en échange des promesses de Pfizer ? Certainement le crédit d'impôts de 30 % qui fait partie de la panoplie offerte aux patrons qui " recherchent ". Sans doute aussi des promesses d'aides des diverses collectivités territoriales. Redescendue dans l'Indre-et-Loire, elle s'est bien gardée de dire qu'aux États-Unis le géant mondial de l'industrie pharmaceutique qu'est Pfizer vient tout juste de supprimer 660 emplois dans son usine de Terre-Haute dans l'Indiana. Or cette usine produisait justement de l'insuline inhalée, le type même de médicament qui devrait être développé à Pocé. La vente de ces produits s'est paraît-il révélée " décevante "...

Autant dire qu'entre l'incertitude de l'avenir et la certitude que l'activité baissera fortement en 2011 quand le Viagra, produit à Pocé, tombera dans le domaine public, les 650 emplois actuels plus les 440 annoncés risquent bien de faire plutôt moins de 500 que plus de 1 000 !

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