Salaires : Woerth provoque les travailleurs de la Fonction publique20/02/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/02/une2064.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Salaires : Woerth provoque les travailleurs de la Fonction publique

Le 19 février, le ministre du Budget a annoncé sa proposition d'augmentation de salaire pour les fonctionnaires : 0,5 % au 1er mars et 0,3 % au 1er octobre. Après une introduction de Santini, le secrétaire d'État à la Fonction publique, constatant que " les caisses sont vides ", Eric Woerth a fait mine de discuter des heures durant avec des représentants des directions syndicales, pour accoucher finalement d'une souris.

Alors que les salaires sont quasiment bloqués depuis des années, que la perte de pouvoir d'achat est chiffrée par les syndicats à plus de 6 % en cinq ans, que les bas salaires représentent - de l'aveu même du ministre - près de la moitié des paies des fonctionnaires, Eric Woerth reste donc sur ses positions avec ses 0,5 % au 1er mars. Dans un élan de magnanimité, il condescend à ajouter 0,3 % au 1er octobre, ce qui ne fera, tout compte fait, que 0,56 % sur l'année 2008 pour l'augmentation du point d'indice, la base sur laquelle est calculé le salaire de tout agent de l'État.

L'inflation, les dirigeants des syndicats se sont chargés de le lui rappeler, est prévue par l'Insee à 1,6 %, mais les hausses de prix des produits de consommation courante, des loyers et des carburants ne semblent pas près de s'arrêter. La différence est donc lourde pour tous ceux qui n'ont, au mieux, que leur salaire pour y faire face, surtout quand le manque à gagner existe depuis des années déjà.

Sachant ses propositions dérisoires, Woerth se prétend conscient des difficultés des 49 % des plus bas salaires, des " catégories C " : il accorderait donc à certains entre 1 et 4 points d'indice en guise de rattrapage, soit entre 3,5 et une quinzaine d'euros par mois, en plus des 7 ou 8 que leur accorderait l'augmentation prévue. Sur la table du bateleur, on peut trouver aussi tout une quincaillerie, la " monétisation " de jours de RTT, des " mesures " sur le logement, et un ajustement sous forme de prime, en 2008, pour les personnels qui auraient véritablement perdu du pouvoir d'achat entre 2003 et 2007 : attention, comparaison faite avec l'inflation, que personne ne triche ! Il sort même de son chapeau " Gipa ", " mécanisme de garantie individuelle du pouvoir d'achat ", qui tiendrait compte de tous les éléments du salaire, puisque, comme le révèle le ministre " le traitement d'un fonctionnaire n'est pas composé uniquement du point d'indice ". Il fait peut-être allusion là aux quelques centaines de hauts fonctionnaires qui bénéficient de primes substantielles...

Menaçant, Woerth s'est payé le luxe de fixer un ultimatum de 48 heures aux représentants des directions syndicales, sans quoi il décidera unilatéralement.

Comme s'il ne s'agissait pas là d'une fin de non-recevoir unilatérale, comme ce fut déjà le cas en 2007, comme si le ministre n'avait pas vu les trois journées de grève, largement suivies, qui ont eu lieu dans les derniers mois ! À provoquer ainsi les travailleurs, le ministre risque de susciter une riposte plus vigoureuse encore.

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