Renault soigne ses actionnaires20/02/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/02/une2064.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault soigne ses actionnaires

Jeudi 14 février, le PDG Carlos Ghosn a annoncé à la presse les résultats de Renault pour 2007, dans une conférence retransmise en direct sur les ordinateurs des salariés de l'entreprise.

Ghosn s'est montré satisfait des résultats avec une " marge opérationnelle " de 1,354 milliard, représentant 3,3 % du chiffre d'affaires. Elle était de 1,063 milliard en 2006, soit 2,6 %, et voilà une progression qui le réjouit. Quant au résultat d'exploitation, il a augmenté de 41 %. Ghosn a fait remarquer que les années 2006 et 2007 avaient été difficiles, mais ce n'est pas aux salariés qu'il pensait en disant cela, mais plutôt au " rétrécissement du marché ", selon l'expression chère aux économistes en Europe et aux États-Unis.

Du côté des salariés, les difficultés ne font aucun doute. Entre 2005 et 2007, l'accélération du développement des véhicules a été multipliée par deux. Dans le même temps, l'effectif global est en baisse. Les départs en retraite n'ont pas été remplacés, les cadences en usine ont été augmentées. Les accidents du travail ont augmenté, il y a eu des suicides au travail. L'utilisation de la sous-traitance, des intérimaires ou des prestataires est de plus en plus développée, avec parfois plus de 25 % de l'effectif d'un site comme celui du technocentre de Guyancourt. Cela impose une pression accrue aussi bien aux travailleurs de ces entreprises qu'à ceux de Renault.

Avec tout cela et en y intégrant sa part dans les résultats de Nissan et de Volvo, le groupe Renault a fait 2,734 milliards d'euros de profits en 2007 et, même si c'est un peu inférieur à 2006, il y a suffisamment d'argent pour prendre 25 % des actions du constructeur automobile russe Avtovas dans la ville de Togliatti, qui produit un million de véhicules Lada. Renault s'implante au Maroc avec une nouvelle usine à Tanger, avec des exonérations dans la zone franche du port. En Inde et en Roumanie, Renault signe des accords pour profiter des fonds publics de ces pays pauvres et compte sur ces contrats pour produire plus de véhicules.

L'objectif de Ghosn, dit-il, est de " rassurer le marché ". Et il déclare que, " même avec une récession en Europe, il y aura au moins 10 % de croissance de volume des véhicules Renault ". En tout cas, il soigne les actionnaires : + 22 % d'augmentation du dividende par rapport à l'année dernière.

Pour les salariés, c'est 2,5 % d'augmentation de salaire pour 2008. Et la prime d'intéressement aux résultats financiers a diminué de 9 %. Ghosn avait déclaré à Davos, en parlant des salariés, " qu'ils sont motivés, qu'ils aiment ce qu'ils font et qu'ils sont prêts à se défoncer pour cela ". Mais les travailleurs ne sont pas à la botte du PDG. Il y a eu ces dernières semaines des débrayages dans les différents sites, à l'occasion des réunions sur les salaires. Et les milliards de profits cumulés depuis des années sont la preuve qu'il y a de l'argent pour augmenter les salaires et embaucher.

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