Cuba : Que sera l'après-castrisme ?20/02/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/02/une2064.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Cuba : Que sera l'après-castrisme ?

L'annonce que Fidel Castro renonçait à la présidence de l'État cubain a amené le secrétaire d'État français aux Affaires européennes, Pierre Jouyet, à déclarer espérer que cette décision ouvre une " voie nouvelle " pour " plus de démocratie dans ce pays ", et que " le castrisme, cela a été un symbole de totalitarisme ".

Que le régime cubain, qui avait manifestement le soutien de toute la population pauvre quand il est arrivé au pouvoir, ait évolué ensuite vers une forme dictatoriale, c'est une évidence. Et il est difficile de savoir ce qu'il reste aujourd'hui de son immense popularité d'alors. Mais dans cette évolution, les USA, le grand allié de la France, ne sont pas innocents, car s'ils ont renoncé depuis l'échec de la tentative d'invasion de la baie des Cochons, en 1961, à y intervenir militairement, s'ils ont échoué, comme l'a récemment reconnu la CIA, à faire assassiner Castro, ils ont tout fait pour étrangler économiquement l'île, qui souffre toujours aujourd'hui de l'embargo qu'ils ont décidé.

Mais Castro n'a pas cédé. C'est pourquoi les dirigeants US continuent de le traiter en paria, alors qu'ils ont protégé tant d'autres dictatures autrement sanglantes en Amérique latine, et continuent, tout comme la France, à considérer Uribe en Colombie comme un grand démocrate.

Cuba est un régime dictatorial. Mais un régime qui a fait d'énormes efforts pour instaurer un système de santé permettant à toute la population d'avoir accès aux soins, au point que les médecins cubains suppléent à Haïti ou au Venezuela au manque de médecins formés localement. Un régime qui a mené une véritable campagne pour éliminer l'analphabétisme. Un pays dont la population ne meurt pas de faim. Quand on compare sa situation à celle d'Haïti, qui vit sous la " protection " des USA depuis des années, la différence est éclatante.

Tous les commentateurs qui écrivent sur Cuba considèrent que le castrisme est obsolète, et espèrent que les successeurs de Castro ouvriront une page nouvelle dans l'histoire de l'île. Si l'évolution du régime cubain se fait vers plus de libertés pour les travailleurs, les paysans, les intellectuels, on ne pourra évidemment que s'en réjouir. Mais si Cuba devait retourner sous la coupe de l'impérialisme américain, comme à l'époque de Battista, ce ne serait vraiment pas un progrès.

Il n'y avait pas de voie de développement économique possible pour l'île de Cuba, isolée dans un monde hostile. Mais la population pauvre d'Afrique, d'Amérique latine, d'Asie - même dans ces pays qu'on dit émergents - continue à vivre dans la misère. Ce n'est pas Cuba qui est obsolète. C'est tout le système impérialiste mondial.

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