La fin de Charbonnages de France : Les charges pour les communes, les profits pour le privé.02/01/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/01/une2057.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La fin de Charbonnages de France : Les charges pour les communes, les profits pour le privé.

La société Charbonnages de France (CDF) a été dissoute le 31 décembre 2007. Cette société avait été créée en 1946 avec la nationalisation des houillères et exploitait les différents bassins miniers du Nord-Pas-de-Calais, de Provence, de Lorraine, etc.

" L'après-mines ", des problèmes pour la population...

Les derniers puits ont fermé. Mais l'héritage est lourd pour les régions minières : le sol y est percé comme du gruyère. Par exemple, dans le bassin du Nord-Pas-de-Calais, 100 000 kilomètres de galeries ont été recensés, et il y en a sûrement plus. Certaines ont été comblées, d'autres noyées. Mais le sol continue de bouger, les affaissements entraînent des dégradations des habitations. L'eau remonte des puits et les zones inondables sont nombreuses. Jusqu'à présent, c'est Charbonnages de France qui gérait les pompes chargées d'éviter les catastrophes. CDF a recherché des accords avec les communes minières pour la reprise de ces pompes. Mais les communes, à juste titre, refusent d'en prendre la responsabilité technique mais aussi financière, car cela inclut l'indemnisation des victimes. Elles renvoient la responsabilité vers l'État, qui ne se précipite pas pour répondre.

Les logements miniers ont été cédés aux communes qui ont bien du mal à recevoir, de la part de l'État, les financements nécessaires pour les rénover, pour les relier au gaz de ville, pour entretenir les voiries... ou simplement pour installer l'éclairage public dans les cités (où, parfois, il fait noir comme au fond de la mine...).

Les autres risques connus concernent l'accumulation de poches de gaz. La remontée des eaux fait revenir en surface du radon, un gaz inodore et radioactif. Le méthane qui remonte aussi par les failles du sous-sol est inflammable. Alors que CDF disparaît, l'État ne s'est toujours pas engagé fermement sur ces questions. Des études et des projets existent, mais le recensement n'est pas terminé et il n'y a toujours pas de décision !

...et des cadeaux aux entreprises privées.

La Sofirem, une des filiales de Charbonnages de France, chargée de la reconversion des régions minières, doit être vendue au groupe de conseil Alpha. La Sofirem redistribuait des fonds publics aux entreprises privées pour " soutenir leurs projets ", de financement de zones industrielles par exemple...

L'État voudrait aussi céder au privé les usines Gazonor qui appartenaient aux Charbonnages de France. Ces usines créent de l'énergie à partir du gaz des mines, le grisou, et évitent aussi qu'il y ait des explosions en sous-sol qui auraient des conséquences en surface. L'intérêt de la population est pourtant que la sécurité et la production d'énergie ne soient pas guidées par la recherche de profits de sociétés privées.

Les Charbonnages de France possédaient aussi des centrales thermiques qui, elles, seraient cédées au groupe privé Endesa ou au groupe allemand E.ON, le rival d'EDF en Europe.

Bref, selon le gouvernement, avec la fin de Charbonnages de France, toutes les charges (les voiries des cités minières, la rénovation des logements, la lutte contre les affaissements et les inondations) devraient être à la charge de la population et des communes du bassin minier, souvent bien pauvres, alors que ce qui peut " rapporter " serait pour le privé !

Partager