Franchises médicales, salaires et retraites bloqués alors que les prix augmentent, les bons voeux du gouvernement aux travailleurs.02/01/20082008Journal/medias/journalnumero/images/2008/01/une2057.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Franchises médicales, salaires et retraites bloqués alors que les prix augmentent, les bons voeux du gouvernement aux travailleurs.

Rentré de son escapade sentimentale et surtout médiatique en Égypte dans le jet privé d'un de ses protecteurs, le milliardaire Bolloré, Sarkozy s'est collé au discours des voeux du Nouvel An.

Il n'y a rien à en retenir, si ce n'est qu'il est déterminé à continuer ce qu'il appelle sa politique de réformes. Le lendemain, sont entrées en application quelques-unes des conséquences de cette politique, dont les franchises médicales qui consistent à taxer les malades, y compris les plus pauvres, pour n'avoir pas à taxer les bénéfices des trusts pharmaceutiques qui creusent le trou de la Sécurité sociale. Ou encore la hausse du prix du gaz, dramatique en cette période d'hiver pour nombre de familles démunies.

Que Sarkozy persiste et signe, c'est dans l'ordre des choses. Il est l'exécutant en chef de la volonté politique du grand patronat et des plus riches de ce pays. Comme tous ses prédécesseurs, mais avec du cynisme et du culot en plus dans la manière de présenter comme " l'intérêt national " le fait de prendre dans la poche des classes populaires de quoi rendre les riches plus riches encore. Ce n'est pas pour rien que Dassault, un des hommes les plus riches de ce pays grâce aux Rafale et autres Mirage, grâce, surtout, à l'État français, seul à lui acheter ses avions de combat avec l'argent des contribuables, s'est fendu d'un éditorial dans l'un des journaux dont il est propriétaire, pour dire tout le bien qu'il pense de ce président et l'assurer de ses " encouragements et appui ".

Alors, oui, au moins là-dessus, on peut faire confiance à Sarkozy : il continuera à porter des coups au monde du travail. Du moins, si nous le laissons faire. Du moins, si les coups ne finissent pas par provoquer une explosion sociale l'obligeant à ravaler sa morgue et ses réformes.

Car les prochains coups sont déjà annoncés : porter la durée de cotisations de retraite à 41 ans et demi pour tout le monde, ce qui revient pour beaucoup à réduire les retraites, déjà misérables. Réformer le code du travail, en clair mettre fin à l'horaire légal de travail, autoriser le travail du dimanche, rapprocher de plus en plus les CDI des contrats précaires. Débarrasser, en somme, les patrons de toute contrainte légale et les autoriser à faire travailler comme ils veulent et quand ils veulent, comme le réclame le Medef. Faire des économies au détriment des services publics pour financer les cadeaux aux plus riches ; supprimer des milliers d'emplois dans la Fonction publique alors que les écoles des quartiers populaires manquent d'enseignants et les hôpitaux de personnel.

Et ces mesures gouvernementales s'ajouteront à ce que font les patrons eux-mêmes sans avoir besoin de lois supplémentaires : réduire leurs effectifs pour faire plus de profit avec moins de travailleurs ; augmenter leurs prix alors que les salaires sont bloqués.

Voilà ce qui nous attend si l'initiative pendant l'année à venir appartient au seul gouvernement et surtout, au-dessus de lui, au seul patronat.

Alors, le seul voeu que l'on puisse formuler pour 2008 est que les travailleurs mettent un coup d'arrêt à la politique de régression sociale dont Sarkozy s'est fait le porte-parole.

Si demain les travailleurs se mettent en colère et exigent tous ensemble par la grève, par des manifestations de rues, la satisfaction de leurs revendications, il faut surtout qu'ils imposent le droit de contrôler la comptabilité des entreprises pour savoir d'où vient et où va l'argent. Alors, le patronat, qui prétend qu'on ne peut pas augmenter les salaires sans mettre l'économie en péril, comme le gouvernement, qui ne cesse de prendre aux plus pauvres pour donner aux plus riches, changeront vite de discours. Cela s'est déjà vu dans le passé. Et cela se verra encore à l'avenir, car on peut faire confiance à la rapacité de la grande bourgeoisie pour semer les germes des futures révoltes populaires.

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