Palestine : Une aide hypothétique et qui ne règlera rien19/12/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/12/une2055.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Palestine : Une aide hypothétique et qui ne règlera rien

Une aide financière de 7,4 milliards de dollars a été promise à l'Autorité palestinienne par la conférence des donateurs, qui s'est réunie à Paris le 17 décembre. Mais, à condition que cette somme soit effectivement versée (et le passé permet d'avoir des doutes sur cette éventualité), elle serait de toute façon bien insuffisante pour permettre un quelconque développement d'une économie palestinienne autonome, de toute façon impossible tant que les territoires palestiniens de Gaza et de Cisjordanie continuent d'être étranglés par les forces israéliennes.

Les deux tiers de cette somme serviront principalement à payer les fonctionnaires - sauf ceux appartenant au Hamas - afin de tenter d'éviter une explosion sociale, et à éponger les dettes ; celles-ci d'autant plus importantes que le blocus imposé par Israël à Gaza depuis la victoire électorale du Hamas en janvier 2006 a paralysé toute vie économique, entraînant un accroissement du chômage et une hausse des prix conduisant à jeter 35 % de la population dans la pauvreté et la rendant complètement dépendante de l'aide étrangère. En Cisjordanie, avec la construction du mur et de voies de circulation destinés à isoler et scinder le territoire palestinien, la situation économique n'est guère plus brillante.

Sur cette aide, un budget de 5,5 milliards de dollars est prévu pour " un plan triennal de réforme et de projets de développement ". Mais ces projets, qui concernent exclusivement la Cisjordanie et sont très ciblés, profiteront avant tout aux investisseurs étrangers, allemands, turcs ou même... israéliens, quand ils ne renforcent pas directement la mainmise de l'État d'Israël sur la Cisjordanie. C'est le cas, par exemple, d'un projet de création d'une zone agro-industrielle dans la vallée du Jourdain. Il comporte des propositions visant à aider les entreprises israéliennes implantées illégalement dans cette zone, et prévoit en outre la construction d'une route, dont l'usage sera limité aux Palestiniens, contrôlée à chaque extrémité par des " check-points ", et qui aboutira à couper la Cisjordanie en trois zones séparées. Il s'accompagnerait aussi de la création de 3 500 logements réservés à des colons juifs, tandis que d'autres terres palestiniennes seraient confisquées.

Un autre projet dit " de développement " prévoit la construction d'un centre administratif à Ramallah, pour remplacer le quartier général d'Arafat ou de nombreux bâtiments habités par des familles palestiniennes qui avaient été détruits par l'armée israélienne. Mais qui garantit que ce centre ne le sera pas à son tour ?

Les pays impérialistes disent vouloir " accélérer le processus de paix au Moyen-Orient " en aidant à la création d'un État palestinien indépendant, politiquement et économiquement. Mais tant que les dirigeants israéliens ne l'acceptent pas, rien ne garantit qu'un tel État verra vraiment le jour. Et en attendant, l'aide financière prévue par la conférence du 17 décembre est sélective : elle vise à isoler le Hamas, en n'accordant de l'argent qu'à l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, implantée en Cisjordanie, tout en laissant les mains libres à l'État israélien pour continuer à dicter sa loi aux Palestiniens.

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