La médecine du travail07/12/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/12/une2053.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

La médecine du travail

La médecine du travail, qui a été au centre de bien des polémiques ces dernières semaines, regroupe aujourd'hui près de 7 000 médecins. Ils ont la charge de plus de 15 millions de salariés du privé. Pour 93 %, ces derniers sont suivis par des centres de médecine du travail interentreprises.

Les premiers médecins du travail ont été embauchés au 19e siècle par les compagnies pour pratiquer les visites d'embauches. Ils s'assuraient que les salariés étaient capables de supporter les dures conditions de travail que le patron allait leur imposer.

Puis la médecine du travail s'est mise en place progressivement en même temps que montait la contestation ouvrière. Les premières maladies professionnelles furent reconnues en 1898. Entre 1918 et 1939, les médecins du travail commencèrent à être spécialisés et leur nombre augmenta. En 1946, la médecine du travail fut généralisée et codifiée. Certains médecins furent dès lors employés directement par les entreprises, les autres firent partie de groupements chargés d'assurer cette mission pour les entreprises trop petites pour avoir chacune un médecin à demeure.

Le patronat et l'ordre des médecins sont intervenus, cherchant à limiter le rôle des médecins à la détection des inaptitudes des salariés au travail qu'on leur demandait. Il fallut attendre 1979 pour que la loi officialise la mission de prévention des maladies professionnelles et donc la possibilité, au moins sur le papier, d'intervenir sur les conditions de travail avant que les travailleurs ne tombent malades.

En théorie, les médecins du travail sont censés être " indépendants " des employeurs qui les payent, comme ils sont, en principe, tenus au secret médical. Leur embauche et leur licenciement sont soumis à l'approbation des comités d'entreprise et, dans leur activité, ils sont sous le contrôle du médecin-inspecteur du travail. En réalité cette indépendance est toute relative. Certains des médecins essaient de remplir honnêtement et parfois courageusement leur rôle, mais ils risquent alors leur place, comme l'a montré l'affaire du médecin du travail d'IBM La Gaude, dans les Alpes-Maritimes, dont la direction a demandé le remplacement parce qu'il avait dénoncé la souffrance au travail de nombreux salariés.

Alors beaucoup d'autres sont en fait d'abord au service et complices des employeurs. Le scandale de l'amiante en a été l'une des plus tristes illustrations.

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