D'Airbus à Dassault : "Dollar faible" et pressions fortes sur les salariés07/12/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/12/une2053.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

D'Airbus à Dassault : "Dollar faible" et pressions fortes sur les salariés

Dans une série d'entretiens aux médias les dirigeants d'Airbus rejoints par ceux de Dassault ont brodé sur un seul thème : la hausse de l'euro par rapport au dollar entraînerait un manque à gagner insupportable pour leurs entreprises et les menacerait même à terme. Ils seraient donc contraints de délocaliser une partie de leur production dans des zones à bas coût ou dans la zone dollar.

Pour l'instant ces deux entreprises et leurs actionnaires se portent à merveille. L'année 2007 est celle du record de commandes pour Airbus comme pour l'avion civil de Dassault, le Falcon. Le bénéfice de Dassault a augmenté de 46 % cette année. De plus Gallois, patron de la maison mère d'Airbus EADS, et Edelstenne, patron de Dassault, sont loin de la vérité lorsqu'ils affirment acheter en dollars et vendre en euros et donc " perdre au change ". Une bonne partie de leurs achats sont déjà libellés en dollars, ne serait-ce que les moteurs fabriqués par General Electric, Pratt et Whitney ou Rolls Royce, qui représentent une part importante du coût des avions. Un militant syndical d'Airbus a estimé que l'entreprise payait 70 % de ses sous traitant en dollars. Ce pourcentage va encore augmenter avec la vente de sept usines du groupe. En effet les transactions d'Airbus avec ces usines, devenues sous-traitantes, se feront en dollars, même pour celles situées en Picardie ou en Loire-Atlantique ! Quant à Dassault, outre le fait qu'il possède une usine aux États-Unis, il paye déjà en dollars 50 % du coût de ses Falcon.

Les groupes qui opèrent à l'échelle de la planète ont appris depuis longtemps à jouer avec les différences de cours des monnaies. Aussi cette campagne de presse des avionneurs vise surtout à faire pression sur les salariés, les leurs comme ceux de leurs sous-traitants. La menace de " délocalisation ", c'est-à-dire la menace du chômage, est là pour faire accepter aux travailleurs le blocage des salaires, les restructurations, les augmentations de charge de travail.

Paul GALOIS

Parler du dollar et palper des euros

En se plaignant de difficultés du fait du " dollar faible " Airbus et Dassault font aussi un appel du pied au gouvernement pour qu'il augmente ses largesses. Le devoir de l'État n'est-il pas de défendre l'emploi en subventionnant les entreprises ?

Mais que serait Dassault si l'État ne lui achetait pas déjà une bonne partie de sa production d'avions militaires, après avoir subventionné ses frais d'études et de recherches ? Et que serait Lagardère, gros actionnaire d'Airbus, sans le soutien de l'État qui lui a offert l'entreprise pour une bouchée de pain et qui pousse même la mansuétude jusqu'à racheter les actions dont il veut se débarrasser avant que leur cours ne chute ?

Vivre de l'assistance publique crée décidément de mauvaises habitudes chez les capitalistes. En voilà, des assistés qui abusent !

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