SNCF - Dépôt de La Blancarde (Marseille) : Des heures de conduite d'affilée... au mépris de la sécurité28/11/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/11/une2052.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCF - Dépôt de La Blancarde (Marseille) : Des heures de conduite d'affilée... au mépris de la sécurité

Je conduis des trains couchettes et des trains de fret qui roulent nuit et jour et j'aimerais faire connaître à vos lecteurs un aspect de nos conditions de travail.

Les roulements, c'est-à-dire la répartition des horaires de conduite, se sont beaucoup détériorés au fil du temps. L'objectif de la direction est d'augmenter la productivité, même si c'est au détriment de la santé du conducteur et aussi de la sécurité.

Par exemple, je peux fréquemment avoir à conduire une matinée et à re-attaquer la nuit qui suit. Nous pouvons aussi travailler des journées longues de onze heures avec juste une coupure d'une heure. Pendant cette coupure, on est sur la machine et pas forcément à un endroit où l'on pourrait manger correctement et se reposer un peu.

Les recommandations faites aux usagers de la route au moment des grands départs, c'est de se reposer au moins toutes les deux heures. Nous qui conduisons des trains avec des centaines de personnes, nous en sommes bien loin.

Il y a des tournées où nous conduisons pendant cinq ou six heures d'affilée sans un seul arrêt. Ce qui suppose une vigilance sans éclipse.

On entend dire que le travail des conducteurs de train n'est plus aussi pénible qu'autrefois : bien sûr, nous n'enfournons pas du charbon dans une chaudière et notre travail demande beaucoup moins de force physique qu'il n'en fallait à nos anciens. Mais c'est un travail difficile car il nécessite beaucoup d'attention et de technicité. Pendant la conduite, il y a des actions à faire, des cadrans, des manomètres à surveiller (...).

Quand elle nous a embauchés, la SNCF avait passé un contrat moral avec nous : c'est les mots qu'ils employaient. Nous acceptions de travailler de jour ou de nuit, pendant les jours fériés et le week-end, nos congés annuels nous étaient imposés. Mais en compensation, nous pouvions prendre notre retraite plus tôt.

Si finalement le nombre d'annuités que nous avons à faire était augmenté, la SNCF devrait admettre, pour respecter son contrat moral, que nous ne roulions plus ni les jours fériés ni les nuits, ni les week-ends et que nous puissions prendre nos congés en même temps que notre femme et nos enfants. Et qu'à 17 heures on arrête le train et on rentre à la maison...

Un conducteur SNCF - Marseille

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