Grenelle de l'environnement : Parler et ne rien faire.01/11/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/11/une2048.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Grenelle de l'environnement : Parler et ne rien faire.

Pour la conclusion du Grenelle de l'environnement, Sarkozy avait mis les petits plats dans les grands : il y avait plus de 600 invités, dont Manuel Barroso, président de la Commission européenne, et deux prix Nobel de la Paix, la Kenyane Wangari Maathaï et l'ancien vice-président américain Al Gore, présentés comme des pionniers de cette " révolution verte " que Sarkozy dit vouloir entreprendre.

À ceux-ci s'ajoutait une brochette d'industriels, de ministres et d'écologistes, ceux-ci n'étant pas les derniers dans le maniement de la brosse à reluire. Nicolas Hulot a donné un " 18 sur 20 " à Sarkozy, ajoutant que grâce à son " pacte écologique ", on avait fait plus en quelques mois qu'en une dizaine d'années. Même José Bové y est allé de son compliment, estimant que pour les OGM " ça va dans le bon sens ".

Celui que Sarkozy peut sans doute féliciter, c'est le rédacteur de son discours aux accents lyriques. On a eu droit à la " révolution dans nos comportements, nos politiques ", à l'appel à un " New Deal " ou à un " Plan Marshall " de l'écologie. Mais à y regarder de plus près, si sauver la planète est une urgence, il est aussi urgent pour Sarkozy de ne pas s'en prendre aux intérêts des capitalistes pollueurs, ce que Laurence Parisot a très bien compris en se félicitant qu'on n'ait pas opposé " économie et écologie ".

Ainsi la " taxe carbone " proposée par Hulot sur les émissions de carbone et rebaptisée " taxe climat-énergie " n'aurait de sens pour Sarkozy que si " elle ne sanctionne pas... inutilement nos entreprises ". Si elle voit le jour, car Sarkozy se contente de " poser la question ", elle serait compensée par un allégement de la taxation sur le travail, c'est-à-dire par de nouveaux cadeaux pour les patrons. Par contre, Sarkozy s'est prononcé pour une écotaxe sur les véhicules neufs polluants, à la charge des automobilistes.

Quant aux rares promesses chiffrées, elles laissent rêveur. Pour décongestionner le centre des villes Sarkozy annonce la construction de 1 500 km de voies pour les vélos, les bus ou les tramways hors d'Ile-de-France, donc à l'échelle du pays. Ce n'est pas beaucoup d'audace pour un " Plan Marshall " ! Emporté par son élan, il chiffre pour 2020 à deux millions le nombre de camions qui ne traverseront plus le pays grâce au développement du ferroutage, et à un autre million encore grâce au développement des ports et des voies fluviales. Le lendemain, Borloo est même allé jusqu'à annoncer la disparition des camions sur les autoroutes sur les longues distances d'ici trois ou quatre ans. Et la ville à la campagne c'est pour quand ? Tenir ce langage, alors que la SNCF, sans que le gouvernement y trouve à redire, réorganise son fret en supprimant des triages et veut abandonner le traitement des wagons isolés, relève de l'escroquerie intellectuelle.

Qu'il y ait urgence et que l'état écologique de la planète soit alarmant, c'est pourtant vrai. Les ressources énergétiques et les réserves d'eau potable sont menacées. Des menaces graves pèsent sur la biodiversité et une catastrophe climatique majeure est possible. Mais Sarkozy et Borloo se contentent de brasser du vent. La seule urgence pour eux est de nous faire croire qu'ils se préoccupent des problèmes écologiques, pour finalement ne proposer que des taxes nouvelles pour la population et des subventions pour les patrons.

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