Béatifications en chaîne au Vatican : Le goupillon toujours allié du sabre.01/11/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/11/une2048.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Béatifications en chaîne au Vatican : Le goupillon toujours allié du sabre.

Dimanche 28 octobre, ce sont donc 498 religieux espagnols qui sont devenus des " bienheureux " lors d'une grand-messe célébrée au Vatican. Cette nouvelle vague de béatifications était destinée à protester contre la " loi sur la récupération de la mémoire historique " que le gouvernement de Zapatero va bientôt faire approuver par le Congrès. Une loi qui vise à faire disparaître les symboles de la dictature (monuments, noms de rue, etc.) et à aider à la recherche de disparus, en particulier ces milliers de fusillés jetés dans des fosses communes, et qui permet au Parti Socialiste, sans que cela coûte rien à la bourgeoisie, d'essayer de faire oublier son ralliement à la monarchie juan-carliste. Mais aussi une loi qui défrise les tenants de la religion, les nostalgiques du franquisme et les apôtres des idées réactionnaires de tout poil.

La messe était prévue à Rome : l'éloignement visait à empêcher les tensions qu'elle pouvait susciter en Espagne. Mais il paraît que, du coup, les foules se sont peu déplacées. En tout cas, cela n'a pas empêché Benoît XVI de reprendre à son compte la version franquiste de l'histoire de l'Espagne. Comme quoi, la haute hiérarchie de l'Église catholique, à Rome comme à Madrid, ne déroge pas à sa traditionnelle politique d'alliance avec les forces les plus réactionnaires de la société. Des temps lointains de l'Inquisition ou de la colonisation de l'Amérique latine à celui de son alliance avec Franco, l'Église d'Espagne a béni, avec l'aval de tous les papes qui se sont succédé, l'exploitation des pauvres, les répressions et les dictatures.

Au lendemain de la proclamation de la République en Espagne en 1931, le pape d'alors, Pie XI, avait poliment salué le nouveau régime. Mais dans tous les conflits politiques et sociaux des années qui suivirent, le clergé, dans sa grande majorité, avait pris le parti des grands propriétaires terriens (dont l'Église espagnole faisait partie), des patrons et des groupes fascistes qu'ils envoyaient contre les pauvres. Pie XI s'était fait le chantre de l'anticommunisme, puis le bénisseur des armées franquistes, dans une guerre civile que l'Église qualifiait de croisade. Une croisade qui a fait plusieurs centaines de milliers de victimes et qui s'est terminée par une dictature qui a duré quarante ans.

Alors, c'est vrai, des curés, des religieux ont payé cher les choix politiques de la hiérarchie catholique. Comme des curés basques, que l'Église ne songe pas à béatifier, ont payé devant les pelotons d'exécution franquistes le fait d'avoir pris position pour une république qui reconnaissait l'autonomie du Pays Basque.

Soixante-dix ans après, Rome n'a pas changé d'attitude quant à la guerre civile espagnole. Il est vrai que l'Église catholique ne prêche la repentance qu'à ses fidèles !

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