Augmenter les salaires, une nécessité vitale pour tous les travailleurs !01/11/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/11/une2048.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Augmenter les salaires, une nécessité vitale pour tous les travailleurs !

La grève des hôtesses et des stewards d'Air France a pratiquement bloqué pendant cinq jours cette compagnie aérienne. Suivie par l'écrasante majorité des salariés de cette catégorie, son ampleur a été à la mesure de leur colère contre le gel des salaires depuis quinze ans, alors que leur charge de travail ne cesse d'augmenter.

Air France avait invoqué, à l'époque, sa mauvaise situation financière pour imposer des sacrifices à son personnel. Aujourd'hui, c'est une des plus prospères compagnies d'aviation. Au premier trimestre 2007, les profits d'Air France étaient en augmentation de 70 % par rapport à l'année précédente ! Mais les salaires, eux, sont toujours bloqués. Les grévistes revendiquent l'augmentation de leurs salaires. Ce ne serait que justice qu'ils l'obtiennent.

Cette grève, dont l'ampleur a manifestement surpris la direction d'Air France, a déclenché les criailleries habituelles sur " les voyageurs pris en otages " ou des couplets contre " les privilèges " des hôtesses et des stewards. Privilégiés, ces salariés qui commencent leur parcours professionnel avec 1 300 euros net ?

Alors, bien sûr, leur grève a conduit à l'annulation d'un grand nombre de vols et au blocage des aires d'embarquement de certains aéroports. Cela a gêné les voyageurs ? Bien sûr, mais il n'y a que ceux qui ne font rien dont l'arrêt de travail ne gêne personne ! Qui se rendrait compte d'une grève des actionnaires ? Mais il est vrai que ceux-là n'ont pas besoin de se mettre en grève, ni même de travailler pour que leurs capitaux leur assurent des privilèges, des vrais. Si les avions volent, si le transport aérien fonctionne et s'il rapporte du profit et des dividendes aux actionnaires, c'est grâce à leurs travailleurs, les pilotes certes, mais aussi des mécaniciens au sol aux hôtesses, en passant par les femmes de ménage ou les cuisiniers qui préparent les plateaux-repas.

La grève s'est limitée à une seule catégorie. Mais les revendications des hôtesses et des stewards n'ont rien de catégoriel, pas plus que ne le sont les raisons de leur mécontentement.

Hôtesses et stewards protestent contre la réduction de l'effectif des équipages alors même que le nombre de passagers transportés augmente. Ils protestent contre l'accroissement du nombre de vols qu'ils doivent effectuer dans le même laps de temps, sans même que les vols de nuit soient considérés comme du travail de nuit et payés en conséquence. Mais des entreprises industrielles aux grandes chaînes commerciales, les patrons cherchent à imposer partout plus de travail avec moins de personnel. C'est en aggravant l'exploitation qu'ils s'assurent des profits en croissance. Des ouvriers de l'automobile aux caissières de supermarché, en passant par les hôtesses de l'air, toutes les catégories de travailleurs sont acculées à la fatigue, à l'usure physique ou nerveuse, à un rythme de travail de plus en plus insupportable, pour accumuler toujours plus de profits qui sont, ensuite, gaspillés dans la spéculation.

En se révoltant contre l'insuffisance de leurs salaires, les hôtesses et les stewards soulèvent aussi un problème qui concerne tous les travailleurs. Tous subissent les hausses de prix et la multiplication des prélèvements, alors que les salaires n'augmentent que peu ou pas du tout.

Le slogan imbécile " travailler plus pour gagner plus " ne suffit pas. Pendant que le pouvoir d'achat des travailleurs s'effondre, on entend des ministres pérorer sur les " nouvelles pistes " à trouver pour l'augmenter.

Mais il n'y a pas besoin de pistes nouvelles pour savoir que, si le pouvoir d'achat baisse, c'est parce que les patrons ne payent pas le salaire qu'il faut pour faire face aux dépenses nécessaires, à commencer par le loyer d'un logement convenable. Le seul moyen pour les travailleurs d'augmenter leur pouvoir d'achat, c'est de contraindre le patronat à prendre sur ses profits de quoi augmenter les salaires.

Arlette LAGUILLER.

Éditorial des bulletins d'entreprise du 29 octobre.

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