Argentine : Kirchner succède à Kirchner !01/11/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/11/une2048.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Argentine : Kirchner succède à Kirchner !

Cristina Fernandez de Kirchner, épouse du président sortant Nestor Kirchner, a remporté au premier tour l'élection présidentielle argentine du dimanche 28 octobre. Avec 45 % des voix, seuil suffisant pour emporter l'élection, elle succède à son mari pour un mandat de quatre ans. Les mandats présidentiels ne pouvant être renouvelés qu'une seule fois, les Kirchner ont imaginé cette alternance à deux dans l'espoir que leur couple prolonge le plus longtemps possible sa présence au sommet de l'État.

Cristina Kirchner n'est pas une novice en politique. Issue comme son mari de la Jeunesse étudiante péroniste dans les années soixante-dix, elle fut élue sénatrice avant même que lui ne devienne gouverneur. Elle a remporté d'autant plus facilement cette élection que la présidence de son mari a coïncidé avec le redressement de la situation économique et sociale, qui reste plus mauvaise que dans les années quatre-vingt-dix mais bien meilleure qu'au moment du krach de 2001-2002.

Kirchner avait été élu président en mai 2003. À l'inverse de son prédécesseur Menem, péroniste comme lui et responsable des privatisations qui ont conduit au krach de 2001, il a recherché des soutiens sur sa gauche. Tout en maintenant les liens traditionnels de son parti avec la bureaucratie syndicale de la CGT, il s'est assuré le soutien de secteurs de la gauche autour des Mères de la Place de Mai, prenant des mesures contre les anciens militaires tortionnaires. Il s'est appuyé aussi sur une partie des " piqueteros ", les mouvements de chômeurs argentins, et a transformé en coopératives une partie des entreprises récupérées par leurs salariés. À l'extérieur, il s'est affiché avec le Brésilien Lula et aussi avec le Vénézuélien Chavez.

Sur le plan économique, Kirchner prétendait " reconstruire un capitalisme national (...) permettant de relancer la mobilité sociale ascendante ". Il a donc contribué à la relance des petites et moyennes entreprises axées sur la transformation de biens de consommation, dans le textile ou l'alimentaire notamment, permettant ainsi à des travailleurs, que la crise avait plongés dans l'économie informelle, de retrouver des emplois traditionnels, encore que cela reste dans des conditions de grande précarité et de surexploitation. Cependant 72 % des entreprises censées représenter ce " capital national " sont en fait des filiales de groupes étrangers.

Les Kirchner, qui avaient soutenu la privatisation du groupe pétrolier national YPF, repris par le groupe espagnol Repsol, ne se sont pas plus opposés aux rachats d'entreprises qui se sont poursuivis, touchant des entreprises connues en Argentine, comme la brasserie Quilmes, les ciments Loma Negra ou les textiles Grafa y Alpargatas. Le groupe métallurgique Acindar vient d'être repris par l'Indien Mittal. Le classement des 500 plus grandes entreprises du pays révèle que 92 % des profits correspondent à des entreprises à capitaux étrangers.

Mais cette connivence avec le grand capital a été en partie masquée par l'attitude combative adoptée par Kirchner face aux multinationales étrangères qui gèrent des services publics, comme l'eau, la poste, le rail ou le téléphone. Pour renégocier les tarifs, il a parfois dénoncé les profits de ces entreprises, allant jusqu'à des ruptures de contrat et des renationalisations.

Cristina Kirchner, soutenue financièrement pour cette élection notamment par les groupes Repsol-YPF, Fiat, Techint, Telefonica, France Télécom et la banque Heller, devrait poursuivre dans la même direction.

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