L'immigration «choisie» en fonction des besoins du patronat19/10/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/10/une2046.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

L'immigration «choisie» en fonction des besoins du patronat

Un amendement du projet de loi sur « l'immigration contrôlée » concerne la possibilité de régulariser des sans-papiers installés en France et qui ont déjà un emploi.

Des dizaines de sans-papiers ont en effet été licenciés du jour au lendemain, après la loi de juillet 2006, parce que leur employeur craignait des poursuites judiciaires, alors que certains étaient embauchés depuis des années dans la même entreprise. Suite à leur protestation, plusieurs cas avaient été réglés, comme par exemple chez Buffalo Grill où ils avaient fait grève. Mais là où ils sont isolés, il ne leur reste plus qu'à chercher un travail au noir s'ils veulent survivre, en perdant toute protection sociale.

L'amendement proposé prévoit le cas où, « à titre exceptionnel, il est nécessaire de pouvoir régulariser des travailleurs ». L'autorité administrative, c'est-à-dire le préfet, pourra régulariser un étranger « sous la réserve qu'il trouve un travail dans un métier et une zone géographique caractérisés par des difficultés de recrutement ». Autrement dit, ce sera dans des secteurs comme le bâtiment, la restauration, les travaux agricoles ou les services à la personne, qui ont des difficultés à recruter tellement les conditions de salaire et de travail sont mauvaises et qui pour ces raisons emploient, souvent sans les déclarer, beaucoup d'immigrés qui n'ont pas le choix.

Même si on peut espérer que de nombreux sans-papiers en bénéficient, il n'y a donc nulle intention humanitaire dans cet amendement. L'immigration « choisie » que le gouvernement veut mettre en application n'est là que pour répondre aux besoins des patrons. D'ailleurs, et c'est tout un symbole, celui qu'Hortefeux a nommé pour présider la commission destinée à « favoriser l'immigration choisie et non subie » est Pierre Bellon, fondateur et président de la Sodexho, une entreprise de restauration collective qui a besoin d'une main-d'oeuvre nombreuse, avec des conditions de travail et de salaire déplorables.

Le projet de loi Hortefeux garantit aux patrons qu'ils disposeront de la main-d'oeuvre qu'ils souhaitent pour les emplois pénibles et mal payés, sans que ces travailleurs puissent réellement s'intégrer et notamment faire venir leur famille.

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