La lettre de Guy Môquet : Une leçon mais laquelle ?19/10/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/10/une2046.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

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La lettre de Guy Môquet : Une leçon mais laquelle ?

Ratissant tout azimut, Sarkozy avait récupéré durant sa campagne électorale Jean Jaurès, Léon Blum ou encore Guy Môquet, fusillé par l'armée allemande le 22 octobre 1941.

Sarkozy voudrait maintenant embarquer les enseignants dans ce genre d'opération. Ils devraient lire dorénavant, chaque année, le 22 octobre, la lettre d'adieu écrite à ses parents par Guy Môquet la veille de son exécution.

De nombreux enseignants sont scandalisés par cette volonté de les utiliser. Et cela se comprend ! D'autant que la droite au pouvoir ne se prive pas, par ailleurs, d'attaquer les enseignants, leur reprochant de faire de la politique dans leur classe et d'endoctriner leurs élèves. Certains enseignants se proposent de boycotter la directive de Xavier Darcos qui les invite à lire ou faire lire la lettre de Guy Môquet. C'est une des façons de dire ce que l'on pense de l'initiative du pouvoir. Mais au fond puisqu'on enjoint aux enseignants de jouer pleinement leur rôle et de partir de l'exemple de Guy Môquet pour inciter leurs élèves à réfléchir, pourquoi ne pas le faire ?

Guy Môquet avait 17 ans lorsqu'il fut fusillé, avec 26 de ses camarades, tous militants communistes comme lui. Il avait été arrêté, un an plus tôt, en octobre 1940 par des policiers français aux ordres d'un gouvernement français, celui de Vichy, en application d'un décret-loi qui avait été adopté en septembre 1939 par un gouvernement lui aussi français, celui de Daladier, qui interdisait toute propagande communiste. Cette décision s'était traduite par l'arrestation et l'emprisonnement de nombreux militants communistes. C'est parce qu'il était communiste que Guy Moquet fut arrêté, puis fusillé.

Incontestablement, il peut servir d'exemple pour la jeunesse d'aujourd'hui, mais pas à la manière dont l'espèrent Sarkozy et son ministre de l'Éducation nationale, Darcos.

Il a été un parmi ces jeunes qui, quoi qu'on puisse penser de la politique du Parti Communiste dans ces années-là, aux côtés de générations plus anciennes, refusaient de courber la tête devant l'ordre établi, qui n'acceptaient pas de subir un système économique fondé sur l'exploitation de l'homme par l'homme, et qui avaient choisi d'agir, de s'organiser pour le combattre, de le renverser pour mette en place une autre société. Ce n'est évidemment pas cela que Sarkozy et nombre de politiciens d'aujourd'hui souhaitent mettre en valeur, car le système contre lequel se rebellaient Guy Môquet et ses camarades règne encore. Il justifie les mêmes révoltes, les mêmes combats que ceux qui furent à l'origine de son engagement. Voilà ce que l'on peut dire aux jeunes et aux moins jeunes en 2007.

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