Italie : Un référendum pour faire passer l'accord sur les retraites19/10/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/10/une2046.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : Un référendum pour faire passer l'accord sur les retraites

Entre le 8 et le 10 octobre, les dirigeants syndicaux italiens ont fait entériner, par un référendum parmi les salariés et les retraités, l'accord sur les retraites qu'ils ont signé le 23 juillet dernier avec patrons et gouvernement. Cette consultation était organisée sous leur contrôle et si, dans les grandes entreprises, les votants correspondaient à la liste du personnel, il n'en était pas de même à l'extérieur où chacun pouvait voter. Cela a permis aux dirigeants syndicaux d'annoncer l'approbation à plus de 80 % de l'accord signé.

Malgré tout, ils n'ont pu occulter le fait que, dans nombre de grandes entreprises, par exemple l'usine Fiat de Turin, le « non » a été majoritaire. En effet, l'accord du 23 juillet prévoit l'augmentation progressive de l'âge de la retraite. Si les travailleurs italiens pouvaient jusqu'à présent partir à 57 ans, à condition de compter 35 ans de cotisations, ils devront dès 2009 totaliser 95, soit par exemple 59 ans et 36 ans de cotisations, ou bien 60 ans et 35 ans de cotisations. Ce coefficient passera à 96 en 2011, puis à 97 en 2013. Ceux qui ne rempliraient pas ces conditions et voudraient partir quand même subiront de fortes décotes. Seuls les travailleurs considérés comme ayant effectué des travaux pénibles auraient droit à une réduction de trois ans sur le total demandé, mais le nombre de départs en retraite dans ce cadre a été limité d'avance à 5 000 par an.

À cela s'ajoute une diminution du montant des retraites versées, suite à une révision du mode de calcul déjà introduite en 1995 et qui devrait être suivie d'autres révisions. Face à cela, les 33 euros d'augmentation mensuelle des retraites décidés en juillet par le gouvernement Prodi ne pèsent pas grand-chose ; ils lui ont seulement permis de faire passer l'accord comme favorable aux retraités, afin d'obtenir leur vote.

On peut remarquer que, même après ce recul, l'âge de la retraite en Italie restera en fait inférieur à l'âge de la retraite en France par exemple, ce que les gouvernants français omettent de rappeler lorsqu'ils proposent d'augmenter cet âge sous prétexte de « faire comme les autres pays ».

Pour autant, les travailleurs italiens n'ont pas non plus à accepter cet accord du 23 juillet. Présenté comme un accord social global, sous le nom de « welfare » emprunté à l'anglais, il comporte d'ailleurs un autre recul des syndicats sur la question des emplois précaires. Prodi avait promis, avant son élection, de réviser la « loi 30 » due au gouvernement Berlusconi et généralisant les contrats de travail et la précarité. Finalement cette loi n'a reçu que des retouches mineures et la précarité généralisée est ainsi entérinée, non seulement par le gouvernement de centre gauche, mais par les directions des trois grandes centrales italiennes, la CGIL, la CISL et l'UIL.

En apposant ainsi leur signature à des reculs substantiels pour l'ensemble des travailleurs italiens, en mettant en scène une prétendue approbation de ces reculs par les travailleurs, les dirigeants syndicaux rendent un grand service au gouvernement de centre gauche de Prodi. Alors que ce gouvernement qui ne dispose que d'une majorité réduite s'est déjà largement discrédité auprès des couches populaires, il démontre ainsi au patronat et à la bourgeoisie italienne sa capacité à mettre en oeuvre des mesures antiouvrières grâce à l'aval des bureaucraties syndicales.

Le 20 octobre, une manifestation nationale est prévue à Rome. Organisée par les partis de la majorité, notamment Rifondazione Comunista, qui disent vouloir faire pression pour une politique plus « à gauche », elle peut être l'occasion d'exprimer le mécontentement de nombre de travailleurs à l'égard de la politique de Prodi. Mais surtout, au-delà de cette manifestation, les travailleurs n'ont aucune raison de se sentir liés, ni par l'accord du 23 juillet ni par les résultats du « référendum » tel que l'ont organisé les dirigeants syndicaux. Ils ont la force et les moyens de remettre en cause tous ces reculs, en retrouvant le chemin de la lutte, dans les entreprises et dans la rue. C'est ce qu'il faut souhaiter dans la période qui vient.

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