Renault-Cléon (Seine-Maritime) Accidents du travail : Un rapport accablant03/10/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/10/une2044.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault-Cléon (Seine-Maritime) Accidents du travail : Un rapport accablant

Des ouvriers qui viennent travailler avec un plâtre, des béquilles, ou tout simplement sont présents le lendemain d'un accident du travail, c'est du quotidien à l'usine Renault de Cléon, et cela dure depuis des années. Mais il y a quelques mois, à la demande de salariés, la CGT a saisi l'inspection du travail qui, pendant cinq mois, a auditionné 41 salariés victimes d'un accident du travail.

Les résultats de cette enquête sont accablants. Ainsi, le jour même de leur accident ou dans la semaine, 22 travailleurs se sont vu proposer un poste aménagé, 17 ont finalement dû accepter de renoncer à leur arrêt de travail après des pressions exercées par leur hiérarchie. " L'hôpital m'avait prescrit un arrêt de huit jours, raconte un travailleur. En revenant à l'usine pour prendre mes affaires, mon chef d'atelier voulait me rencontrer. Il m'a dit que, comme je pouvais marcher, il pouvait me proposer un poste aménagé. Il m'a demandé de déchirer mon arrêt de travail, car le prendre ne serait pas bon pour ma carrière. Il m'a précisé que les accidents du travail coûtent cher à l'entreprise, environ 600 euros par jour. "

Un autre travailleur, victime d'une fracture, avait, lui, bénéficié d'un arrêt de trois semaines prescrit par l'hôpital.

" Le soir même, a-t-il témoigné, le chef d'atelier m'appelle à mon domicile pour me dire de ne pas le prendre, en me précisant que cela coûtait cher à l'entreprise. "

Tous ces témoignages, contenus dans le rapport de l'inspecteur du travail, sont quasiment identiques : pressions, coups de téléphone, visite d'un ou de plusieurs chefs à domicile, chantage sur la paie, sur l'évolution de carrière... Et à chaque fois le même discours : " Cela coûte cher à l'entreprise... "

Si l'inpecteur du travail a estimé que ce système repose principalement sur "la hiérarchie de proximité", il semble bien, a-t-il ajouté, " qu'il résulte en grande partie des objectifs fixés par la direction ".

Ces pratiques et toutes celles qui servent à masquer la réalité des accidents du travail ne sont évidemment pas propres à Renault, mais sont fréquentes dans bien d'autres entreprises. En diminuant le nombre des jours d'arrêt de travail pour cause d'accident, les directions parviennent à réduire le montant des cotisations qu'elles devraient normalement payer à la Sécurité sociale au titre des accidents du travail. Pour y parvenir, il y aurait bien sûr une autre voie, qui consisterait à rendre le travail moins pénible et moins dangereux. Seulement, cette évidence n'est pas partagée par les patrons, et en tout cas pas par la direction de Renault.

Les révélations contenues dans le rapport de l'inspection du travail ne sont évidemment pas une surprise pour les 4 700 salariés de l'usine Renault-Cléon, et lorsque la direction dit vouloir se donner du temps pour " vérifier la véracité des faits ", elle ajoute l'hypocrisie à l'odieux. En tout cas, voir la tête que font certains directeurs de l'usine, à la suite de cette publication, remplit d'aise les ouvriers.

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