"Grenelle de l'environnement" : Ou comment noyer le poisson03/10/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/10/une2044.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

"Grenelle de l'environnement" : Ou comment noyer le poisson

Le 27 septembre Borloo, le ministre de l'Écologie, a présenté la centaine de propositions des six groupes de travail préparatoires au " Grenelle de l'environnement ", qui s'ouvrira le 27 octobre et devrait proposer un plan sur cinq ans portant sur le réchauffement climatique, la pollution et la biodiversité.

D'après Borloo un accord aurait été trouvé sur près des deux tiers des sujets soulevés, malgré des désaccords parfois très marqués entre les participants, organisations écologistes, représentants des collectivités locales et du patronat. Mais, à y regarder de plus près, l'écologie version Sarkozy-Borloo, c'est beaucoup de battage médiatique et de mise en scène, mais peu de mesures concrètes contre les vrais responsables de la pollution, les grands groupes industriels.

Bien sûr tous sont tombés d'accord pour montrer du doigt les consommateurs et en particulier les automobilistes et les faire payer. Ainsi une taxe appelée " écopastille " serait instaurée sur le principe du bonus-malus des contrats d'assurance. Les voitures polluantes qui dégagent plus de 140 g de CO2 au km - ce qui est le cas de près de la moitié des véhicules neufs vendus en France - auraient un malus, les propriétaires de véhicules " propres " (moins de 120 g de CO2 par km) bénéficiant, eux, d'un bonus. Le montant de cette taxe n'a pas été fixé mais on peut parier que, si elle ne représentera pas grand-chose pour les revenus aisés, elle sera un surcoût réel pour les plus modestes qui, pourtant, ne peuvent pas se passer de leur voiture pour aller travailler, faute de transports en commun nombreux et bon marché.

Un accord a aussi été trouvé pour diminuer les émissions de CO2 en limitant la vitesse à 120 km/h sur autoroute, 100 km/h sur les voies express et 80 km/h sur les routes nationales. En revanche il n'y a aura pas de taxe kilométrique pour les poids lourds. Le Medef et la CGPME l'ont refusée, les patrons routiers ont demandé une " approche plus pragmatique "... Quant au fret non-routier, le groupe de travail a audacieusement proposé de faire passer sa part de marché de 14 % aujourd'hui à 25 % en 15 ans !

Sur d'autres sujets comme les centrales nucléaires, le développement de l'EPR, les OGM ou encore les pesticides, aucun accord n'a pu être trouvé. Le groupe de travail s'est contenté de noter un " constat de désaccord "... Ce sera donc à Sarkozy de trancher fin octobre mais les vrais pollueurs n'ont pas grand-chose à craindre. Pour les pollueurs industriels ce seront des paroles creuses et de vagues incitations pendant qu'on continuera à désigner comme " coupables " ceux qui n'éteignent pas les lumières, laissent couler l'eau du robinet ou pire, prennent leur voiture pour aller travailler.

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