Fonction publique : Faux débats et vraies attaques03/10/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/10/une2044.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Fonction publique : Faux débats et vraies attaques

Le 1er octobre Fillon, flanqué de deux ministres, celui du Budget et celui de la Fonction publique, a donné le coup d'envoi de la " conférence sur les valeurs et les missions de la fonction publique " devant un public de dirigeants syndicaux. Il l'a fait évidemment dans le ton inspiré par Sarkozy quant aux prétendues " réformes " sociales.

C'est tout sauf un " débat ", puisqu'il est dit d'entrée que 22 900 suppressions d'emplois sont prévues pour 2008, par le non-remplacement des départs en retraite. Le gouvernement veut ainsi imposer des économies drastiques sur les salariés de la fonction publique. Pour la suite, l'" urgence nationale " que ne craint pas d'invoquer Fillon se résume à tenter de leur imposer des objectifs de " rentabilité " et de " productivité ", dont on sait déjà les effets en termes de salaires bloqués et de conditions de travail et de vie dégradées.

Appliqués à la fonction publique, ces objectifs entraîneront une dégradation encore plus rapide de services publics déjà touchés par le manque de personnel. Que signifie d'autre, en effet, exiger plus de rentabilité de la part d'un employé d'un service social, obligé de traiter de plus en plus de dossiers ou de recevoir de plus en plus de personnes... dans un temps donné ? De la part d'une employée de cantine, qui doit à la fois respecter les délais, les températures, servir, desservir, nettoyer... et n'a que deux mains ? De la part d'un employé des impôts, qui sera en difficulté pour tenir compte dans des délais raisonnables des réclamations ?

Et puis, dans les hôpitaux, est-ce d'une infirmière en réanimation dans un service de cardiologie qu'il faut obtenir plus de productivité ? De la part d'une aide-soignante chronométrée pour les toilettes des personnes âgées dépendantes ? Dans les écoles, de la part d'une institutrice qui doit gérer l'apprentissage de 27 bambins parfois d'origines différentes ?

Fillon et Sarkozy partagent le même objectif : ils veulent déréglementer le travail des employés de l'État, comme c'est déjà le cas d'une partie de ceux de La Poste. Ils veulent aussi accentuer la mise en place, comme c'est déjà le cas dans l'Éducation nationale, de multiples contrats de droit privé, dont l'avantage - pour le seul employeur - est qu'ils impliquent finalement des salaires encore plus faibles et peuvent être interrompus sans grosse difficulté.

Ces projets justifieraient à eux seuls une mobilisation des salariés du public. Les bas salaires, lot de beaucoup d'entre eux, et la perte de 5 % de pouvoir d'achat depuis 2000 en sont une autre raison. Quant à l'évidente dégradation de ces services, que le gouvernement voudrait de moins en moins publics, elle en constitue un troisième, qui touche l'ensemble du monde du travail.

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