États-Unis - General Motors : Le syndicat veut faire entériner un contrat pourri03/10/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/10/une2044.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis - General Motors : Le syndicat veut faire entériner un contrat pourri

Il n'a pas fallu 48 heures pour que General Motors et le syndicat de l'automobile, l'UAW, signent un nouveau contrat après le démarrage de la grève à laquelle l'UAW avait appelé les 73 000 salariés du groupe le 24 septembre. Il ne s'agissait pas d'une épreuve de force entre les travailleurs et la direction, dont les exigences sont exorbitantes, mais bien d'une mise en scène des dirigeants du syndicat pour faire croire que leurs négociateurs avaient été au bout des possibilités et que le contrat signé était finalement favorable aux travailleurs.

La direction de General Motors s'est prêtée au jeu, le président Rick Wagoner déclarant que " ce furent incontestablement les négociations les plus complexes et les plus difficiles de l'histoire des relations entre GM et l'UAW ". Et de remercier les dirigeants et les négociateurs de l'UAW pour leur travail.

Les dirigeants syndicaux recommandent aux travailleurs d'approuver par leur vote ce contrat, valable pour quatre ans et qui servira de modèle aux autres constructeurs automobiles. Business week, l'hebdomadaire du monde des affaires, a résumé la teneur du contrat en ces termes : " Pour General Motors, le nouveau contrat représente une avancée. Pour l'UAW, c'est un grand pas en arrière ".

En effet, l'UAW a accepté de gérer à la place de l'entreprise la couverture médicale des 340 000 retraités et leurs épouses. Il a accepté que GM ne verse que 70 % de ce qu'elle doit et économise ainsi quelque 20 milliards de dollars ! De plus, une partie de ses versements serait constituée d'actions de l'entreprise... Il est évident que l'UAW, dont les finances reposent sur les cotisations de ses membres, a encore moins de moyens de faire face au coût de la couverture médicale des retraités que GM qui fait des profits, sauf à faire cotiser de plus en plus lourdement les retraités et les actifs à ce fonds ou à diminuer les prestations. C'est ce qui s'est passé dans les entreprises comme Caterpillar, où ce système a été mis en place il y a une dizaine d'années.

Concernant les salaires, il n'y aura pendant quatre ans pratiquement aucune augmentation puisqu'à l'expiration du contrat un salaire de 28 dollars aura augmenté de 68 cents... et aura perdu 20 % de son pouvoir d'achat, si toutefois les prix n'augmentent pas plus vite qu'aujourd'hui ! Quant au salaire d'embauche, GM est autorisé à le réduire de moitié, à 14 dollars de l'heure. Dans quatre ans, ces nouveaux salaires deviendront tout simplement la règle comme cela s'est passé chez Delphi une fois que le syndicat a accepté une réduction du salaire d'embauche.

Il s'agit donc de concessions considérables, qui préparent encore d'autres reculs en matière de salaires et de protection sociale, quoi qu'en disent les dirigeants syndicaux. Ils se sont dépêchés d'organiser le vote avant même que les travailleurs aient pu être réellement informés du contenu du contrat. Les retraités, qui sont gravement visés, n'ont pas le droit de voter ni bien sûr les futurs embauchés. Le syndicat tente de convaincre les salariés qu'en acceptant les sacrifices demandés aux retraités et aux futurs embauchés, ils peuvent sauver l'essentiel, et en particulier leurs emplois. C'est l'argument maintes fois utilisé pour faire accepter les sacrifices dans le passé et qui s'est révélé chaque fois un leurre.

Le vote, qui doit prendre fin le 10 octobre, n'est donc peut-être pas acquis. Lors des précédentes négociations, il y a deux ans, l'UAW a eu du mal à faire accepter les sacrifices aux travailleurs. A GM, le vote en faveur du contrat n'avait été que de 61 %, ce qui était exceptionnel, et ensuite de 51 % seulement à Ford, si bien que syndicat et direction avaient renoncé à présenter le même contrat pourri chez Chrysler. D'ailleurs bien des travailleurs étaient convaincus que les majorités arrachées chez GM et Ford l'avaient été par la fraude. C'est probablement la raison pour laquelle l'UAW s'est livré cette fois à ces simagrées, jouant avec l'ordre de grève pour mieux tromper les travailleurs. On ne peut que souhaiter que manoeuvres et mensonges échouent et que les travailleurs refusent tout sacrifice supplémentaire.

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