Budget 2008 : Comment augmenter la dette03/10/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/10/une2044.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Budget 2008 : Comment augmenter la dette

En présentant mercredi 26 septembre le projet de budget pour 2008, le ministre Eric Woerth a parlé d'un texte " lucide et optimiste ". Fillon avait, lui, applaudi à un texte " sérieux ", alors que ce budget prévoit un déficit de 41,7 milliards d'euros.

Le même Fillon avait pourtant déclaré le 21 septembre qu'il dirigeait un " État en situation de faillite sur le plan financier " et que cette situation n'était " plus supportable ". Il faisait mine aussi de découvrir qu'on " n'avait pas voté un budget en équilibre depuis vingt-cinq ans ".

La dette d'un montant de près de 1 200 milliards d'euros représente près de deux tiers du produit intérieur brut (PIB), ou encore environ 17 000 euros par habitant. Le seul paiement des intérêts de celle-ci est devenu le second poste de dépenses de l'État : environ 40 milliards d'euros, soit deux fois le budget de la Recherche et de l'enseignement supérieur et plus de sept fois les sommes consacrées aux érémistes ! Depuis effectivement près de vingt-cinq ans - Fillon a raison sur ce point - tous les gouvernements ont dépensé plus qu'ils n'encaissaient, pour pouvoir financer le grand patronat à coups de milliards, sans que bien sûr le sort de la population n'en soit amélioré.

Sarkozy, à peine aux commandes, fait donc de même, ne serait-ce que pour pouvoir financer les 15 milliards d'euros de cadeaux fiscaux votés cet été pour les plus riches et les entreprises. Quant aux promesses de retour à l'équilibre budgétaire, on verra en 2010 ou en 2012, ou encore plus tard en fonction de la croissance.

Pour montrer le " sérieux " de son budget, Eric Woerth a annoncé dimanche 30 septembre que le gouvernement avait doté le budget 2008 d'une réserve de 7 milliards d'euros. Si la croissance est supérieure à 2,25 %, " tant mieux... on économisera et on remboursera la dette ", et si c'est moins, tant mieux aussi puisqu'on pourra puiser dans cette " cagnotte ", a-t-il dit.

Croissance ou pas, avec ce budget 2008 les patrons continueront donc à bénéficier de toutes ces aides directes et indirectes qui ont creusé la dette publique. Les salariés, eux, paieront le prix fort, à commencer par les fonctionnaires dont Woerth a annoncé le non-remplacement d'un sur deux partant à la retraite, soit environ 35 000 personnes en 2008.

Alors, quand Woerth et Fillon parlent de budget rigoureux, c'est bien la rigueur pour les salariés qu'ils annoncent, même si, sans vergogne, Woerth ose dire qu'il n'y aura " pas de plan de rigueur, pas de plan d'austérité. Il n'y a qu'un seul plan, c'est le plan de croissance " ! Et ils espèrent peut-être qu'on va les croire ?

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