Six ans après la catastrophe d'AZF : Les usines à risque ne sont pas mieux contrôlées19/09/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/09/une2042.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Six ans après la catastrophe d'AZF : Les usines à risque ne sont pas mieux contrôlées

Il y a six ans, le 21 septembre 2001, l'explosion de l'usine d'engrais chimiques AZF de Toulouse faisait 30 morts, des milliers de blessés, et entraînait des destructions dans tout un quartier de Toulouse. Elle confirmait tragiquement l'incapacité des services de l'État à contrôler des activités d'un groupe comme Total, dont personne n'ignorait la dangerosité.

Depuis cette explosion, les postes d'inspecteurs chargés du contrôle des installations à risques ont augmenté d'environ 350. Mais ils ne restent au total que 1 200 pour tout le pays. En mars dernier, le ministère de l'Écologie s'était félicité que le nombre de visites d'inspection soit passé de 28 500 en 2005 à 30 170 en 2006, mais ces inspecteurs ont dénoncé, à travers leurs organisations syndicales, la dérive des pratiques consistant " à dégrader le niveau de qualité des inspections dans le seul but d'en augmenter artificiellement le nombre ". Officiellement, l'objectif est de parvenir à au moins une visite dans l'année des 200 établissements qui présentent les risques plus élevés, une tous les trois ans dans 8 000 autres qui présentent des " enjeux importants en terme de protection des personnes ", et une tous les dix ans pour toutes les autres. C'est dire la faible fréquence de ces contrôles.

Même quand des visites ont lieu, elles ne constituent pas une garantie. Quatre mois avant l'explosion de l'usine AZF, une inspection s'était soldée par quelques interrogations sur la qualité de l'étude de danger réalisée par la direction de l'entreprise.

La responsabilité des études de danger est confiée aux patrons. L'administration chargée du contrôle, la Drire, n'intervient qu'ensuite pour formuler ses observations. Et elle a tendance à comprendre bien mieux les capitalistes dont elle vérifie les installations que les travailleurs et les habitants du voisinage qui risquent leur peau.

Ces dernières années, les contrôles ont tendance à se relâcher, car la Drire confie de plus en plus d'expertises à des sociétés et à des bureaux d'études privés. Deux décrets parus l'année dernière vont rendre cette pratique systématique à partir de 2008 pour les installations dont le risque est considéré comme moins important, et qui aujourd'hui échappent presque totalement aux visites de la Drire. Or ces experts privés sont payés directement par l'entreprise qu'ils visitent. Prendront-ils le risque de mécontenter le patron des usines qu'ils contrôlent, alors qu'il est devenu leur client ? On peut en douter.

Les inspections pèsent donc bien peu, face à la logique patronale qui consiste à minimiser les coûts pour augmenter les bénéfices. Ce sont les travailleurs eux-mêmes qui devraient pouvoir exercer un contrôle sur les conditions de sécurité, notamment dans les CHS-CT (Comités d'hygiène et de sécurité - conditions de travail). Cela supposerait que des secrets de fabrication soient levés. Il faudrait aussi que les coûts et les profits puissent être connus de tous, car un patron a vite fait de considérer comme trop cher un investissement pourtant nécessaire à la sécurité.

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