Sécurité sociale : Les mensonges officiels sur le déficit19/09/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/09/une2042.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sécurité sociale : Les mensonges officiels sur le déficit

On assiste une nouvelle fois à une mise en condition de l'opinion sur les " mesures radicales " qui seraient nécessaires pour faire face à la " situation préoccupante " des comptes de la Sécurité sociale. Cela prépare l'augmentation de la part restant à la charge des assurés pour la maladie, et pour les retraites, la fin des régimes spéciaux de certains salariés et l'allongement de la durée de cotisation pour tous. Mais il est bon de regarder de plus près les chiffres officiels.

Les cotisations prélevées sur le travail des vingt deux millions de salariés assurent, et de loin, la plus grosse part du financement de la Sécurité sociale, en matière d'assurance-maladie, comme de retraite du régime général. Or, le total de ces cotisations, directement proportionnel aux salaires, prélevées par les Urssaf, s'est monté, pour l'ensemble de l'année 2006, à 317,1 milliards d'euros, alors que le déficit annoncé pour l'ensemble des branches et des régimes de la Sécurité sociale, y compris la maladie et la vieillesse, se monte à 7,8 milliards d'euros. Cela représente 2,45 % du montant de ces cotisations, et une augmentation des salaires du même ordre suffirait donc à annihiler tous les déficits. Une augmentation un peu plus consistante de 10 %, encore modeste par rapport à ce que s'accordent les dirigeants des entreprises et leurs actionnaires, suffirait à apporter les sommes nécessaires pour financer le retour sur tous les reculs imposés, ces dernières années, en matière de retraites comme de maladie. Il en serait pratiquement de même si le chômage venait à diminuer vraiment, car cela entraînerait des rentrées de cotisations sans générer de dépenses nouvelles, au contraire.

Le " grave déficit " de la seule branche retraites du régime général est quant à lui de 1,9 milliard d'euros. Le gouvernement, qui prétend se préoccuper des " graves injustices " dans ce domaine, ferait mieux de commencer par payer ce qui devrait lui revenir. Ainsi, la branche vieillesse de la Sécurité sociale a été obligée en 2006 de reverser 5,8 milliards d'euros, soit trois fois le montant de ce " grave déficit " pour assurer l'équilibre des autres régimes, ceux des exploitants agricoles, des travailleurs indépendants, des artisans....On se demande pourquoi le régime des salariés doit ainsi payer le financement des retraites d'autres catégories, qu'on flatte à l'occasion en osant parler des " passe-droits " dont bénéficieraient les travailleurs !

Ce que dit la vérité des chiffres, c'est que pour résoudre ces " graves déficits " de la Sécurité sociale il suffirait de rogner un tout petit peu ce que le patronat engrange.

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