McDonald's - Vitrolles (Bouches-du-Rhône) : La grève pour se faire respecter19/09/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/09/une2042.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

McDonald's - Vitrolles (Bouches-du-Rhône) : La grève pour se faire respecter

Depuis samedi 15 septembre, les travailleuses du McDonald's de la zone commerciale de Vitrolles, près de Marseille, sont en grève.

Elles veulent faire cesser le harcèlement dont elles sont l'objet de la part de leur direction et obtenir la réintégration d'un manager qui a été licencié par la direction, en fait parce qu'il se conduit correctement avec les employées et qu'il s'était porté candidat lors d'élections professionnelles.

La direction se croit en effet tout permis à l'égard de la cinquantaine d'employées du McDo.

Pour faire du chiffre, le directeur et certains managers se déchaînent lors des " rushes ", les moments où il y a foule, de 12 à 14 heures et de 20 à 22 heures. Si, à 13 heures, l'encaissement n'a pas atteint la somme que le directeur a fixée, ils se mettent à crier derrière les caisses : " Encaissez !, encaissez !, magnez-vous, il ne vous reste que deux minutes ! ", devant les clients témoins de ces scènes humiliantes. Si pendant un rush une employée a trop chaud et veut boire, l'un d'eux se met à hurler : " Tu ne bois pas pendant le rush ! "

La plupart des employées travaillent en CDI sur des horaires à temps partiel, souvent très largement dépassés au gré de l'inspiration du directeur. Le paiement de ces heures complémentaires est à peine majoré. Toute la journée est prise pour effectuer ces temps partiels, par exemple en venant de 11 h 45 à 13 h 45 puis de 18 h 45 à 21 h 45. Il faut avoir plus d'un an d'ancienneté pour qu'un jour férié travaillé soit payé double. Quant à l'aménagement des horaires, il ne peut être discuté. Ainsi, une maman qui élève seule son enfant et fait des ménages de 5 heures à 10 heures n'a pu obtenir de ne pas terminer certains jours à 23 heures au McDo.

Si par malheur une employée arrive un peu plus tôt pour prendre tranquillement son déjeuner, elle se fait héler par un manager : " Ho, les filles, vous pourriez pointer plus tôt ! " Tout est à l'avenant : une casquette perdue doit être remboursée 7 euros, soit une heure de travail, environ 25 % du prix des chaussures de sécurité est réclamé en fin de CDD.

Les employées veulent se faire respecter et obtenir la réintégration d'un manager trop solidaire des caissières aux yeux de la direction, qui l'a licencié, l'accusant d'avoir frappé le directeur... au cours d'un entretien privé et sans témoin. Ce n'est d'ailleurs pas le premier licenciement expéditif auquel elle procède.

Devant le McDo les grévistes se relaient au piquet de grève, qui compte toujours une bonne dizaine de personnes face à un quarteron de directeurs ou de managers et à un huissier.

Pour sa part, la direction a recours à de curieux alliés. Ainsi, une militante de l'Union locale CGT venue voir les grévistes a été suivie en voiture par trois individus. Dimanche 16, quelques personnages ont proposé de l'argent au responsable CGT des McDo pour qu'il arrête la grève. Le dimanche soir, c'est un couple de pseudo-clients en voiture qui a foncé sur le piquet de grève, puis l'homme en est sorti pour se battre avec le manager licencié, tandis que la femme jetait le triangle de signalisation sur les militants CGT venus à son aide.

Ces tentatives d'intimidation n'ont pas entamé la détermination des grévistes. La direction a tenté de faire fonctionner le McDo avec des managers et quelques non-grévistes, mais elle a dû le fermer, seul le Drive fonctionne de temps à autre. La plupart des clients, qui sont le plus souvent des travailleurs de la zone commerciale ou de la zone industrielle toute proche, assurent les grévistes de leur sympathie. Beaucoup signent pour les soutenir. Et la lutte continue, avec l'aide de militants de l'Union locale CGT venus en renfort.

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