Centrafrique : Massacreurs centrafricains et complices français19/09/20072007Journal/medias/journalnumero/images/2007/09/une2042.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Centrafrique : Massacreurs centrafricains et complices français

Selon l'organisation humanitaire Human Rights Watch, l'armée gouvernementale centrafricaine et la garde présidentielle du président Bozizé ont perpétré des massacres de populations civiles dans le nord de la République Centrafricaine, avec l'aide des troupes françaises présentes dans le pays. Le dictateur qui dirige cette ancienne colonie française, François Bozizé, est appelé un " ami de la France ".

Cette organisation dénonce la " passivité " de l'armée française devant des exactions commises par des troupes gouvernementales centrafricaines et le rôle qu'elle a joué en bombardant des villages considérés comme rebelles. Des témoins rapportent aussi que les soldats français ont activement participé à la répression dans certains villages. Le résultat est des milliers de civils assassinés, principalement par l'armée centrafricaine et la garde présidentielle de Bozizé, plus de dix mille maisons brûlées, plus de 200 000 personnes réfugiées dans la forêt, dans la brousse ou dans les pays voisins.

Le gouvernement français dément toute implication dans ces massacres et réfute l'accusation de passivité. Pourtant, rien ne peut se passer dans ce pays de son pré carré africain sans que les responsables politiques français soient au courant, et les témoignages abondent. Le dictateur centrafricain, un militaire tortionnaire venu au pouvoir par un coup d'État sanglant et reconduit dans ses fonctions par un simulacre d'élection, a ses entrées à l'Élysée. En 2003, Bozizé avait reçu la visite de Villepin, avant d'être lui-même accueilli à Paris deux ans plus tard. Plusieurs ministres français lui ont encore rendu visite cette année, le dernier en date étant le secrétaire d'État à la Francophonie dans le gouvernement Fillon, Jean-Marie Bockel.

La France vient de verser des millions d'euros à la dictature, en août, prétendument pour assainir le réseau d'eau de la capitale, procéder à la réfection des routes... mais aussi moderniser la police ! Cette manne financière va probablement enrichir les sociétés françaises qui s'arrachent les marchés de la capitale, ainsi que les dirigeants du régime. Depuis fort longtemps, la dictature centrafricaine fait partie des préoccupations des gouvernements français, à cause de sa situation stratégique aux confins du Tchad et du Cameroun, deux pays producteurs de pétrole, et de ses richesses : le bois exotique et les diamants.

Tous les dictateurs qui se sont succédé à la tête de la Centrafrique depuis son indépendance, de Jean-Bedel Bokassa à François Bozizé, doivent à la France leur accession et leur maintien au pouvoir. Présente en Centrafrique, l'armée française a toujours veillé au grain, protégeant les intérêts des sociétés françaises, assurant la protection du dictateur en place comme le stipulent les accords militaires entre les deux pays. Et cela alors que François Bozizé est de plus en plus contesté par la population et même par certains militaires.

Forte du soutien de la France, l'armée centrafricaine a donc pu agir en toute impunité. Les assassins auteurs des atrocités en Centrafrique sont certes des soldats africains. Mais ils sont armés, encadrés et couverts par des soldats français, quand ceux-ci ne mettent pas la main à la pâte.

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